Accéder à des enquêtes de santé exclusives !

Inscrivez-vous gratuitement à la newsletter de plus de 10.000 abonnés et recevez plusieurs enquêtes et guides inédits (sur le sucre, les crèmes solaires, les dangers des poêles...) qui ne sont pas présents sur le blog !

Plusieurs équipes de recherche internationale montrent les effets inattendus de la phrase “bon appétit” sur la régulation du poids. Revue de littérature.

Source : Unsplash.

Une vieille habitude qui se perd ?

« Bon appétit ». Au petit déjeuner, déjeuner, ou dîner, il y a toujours une personne à table (voire même plusieurs) qui souhaitera un bon appétit à l’ensemble des convives.

Aujourd’hui, on souhaite un bon appétit par politesse et bonne manière, surtout lorsque nous sommes invités quelque part.

Comme la prière réalisée par des croyants avant de manger, souhaiter un bon appétit est un passage (presque) obligatoire avant de savourer son repas.

Notre société moderne nous écarte de plus en plus des tables et des repas familiaux. Ces repas durant lesquels nous mangeons plutôt correctement, chacun à son rythme, dans une ambiance joyeuse.

Aujourd’hui, la société nous presse. Tout va très vite, même les repas. Nous n’avons plus le temps de dormir, plus le temps de rêvasser, et plus le temps de manger. Dorénavant nos bureaux, les trottoirs, ou les canapés remplacent nos grandes tables à manger. Nos ordinateurs, nos téléphones portables ou nos lecteurs MP3 remplacent les invités d’un repas.

Quoi qu’il en soit, nous prenons moins de temps pour manger, et pour se souhaiter un bon appétit.

Une phrase magique ?

Cette simple formule de politesse nous cache-t-elle quelque chose ?

Le fait de se souhaiter un bon appétit laisse penser que nous avons besoin de courage et de force pour commencer et finir notre repas. Mais, nos plats sont de plus en plus appétissants, avec toujours plus de colorants et d’exhausteurs de goûts pour attirer nos regards et nos estomacs.

Aujourd’hui, il n’y a aucun doute que l’on doit plutôt s’efforcer de ne pas finir nos assiettes, parce que nous avons trop à manger. « Bon appétit » n’occupe pas la fonction d’un cri de guerre pour donner courage et détermination dans une rude épreuve.

Non, cette phrase doit servir à autre chose.

Et la science, qui s’intéresse à presque tout, s’est penchée sur ce phénomène et sur les impacts d’une telle phrase dans nos rapports avec le monde de la nutrition. Les résultats sont… étonnants.

Un repas conditionné

Aussi surprenant que cela puisse paraître, j’ai trouvé un grand nombre de références qui traitent plus ou moins cette problématique.

7 études scientifiques centrées sur le comportement humain et la nutrition ont étudié les effets de la phrase « bon appétit » sur de nombreux paramètres physiologiques (sécrétion d’hormones, éveil, réflexe ou les regards) et comportementaux (quantité de nourriture ingérée, taille des portions servies, vitesse de mastication, humeur générale, etc.)

4 études réalisées par une équipe américaine spécialisée en nutrition humaine et une équipe allemande, issue du service hospitalier universitaire de Munich, ont trouvé des conclusions similaires (1-4).

À la fin du repas, si les invités s’étaient souhaité un bon appétit avant de commencer à manger, les personnes attablées avaient mangé 23 % de nourriture en moins ! Ce n’est pas tout. Selon ces auteurs, les invités ont passé un meilleur moment (résultats obtenus après le repas grâce à un questionnaire) et ont davantage apprécié la nourriture qui avait été proposée… alors que les plats proposés étaient les mêmes dans les deux situations (avec ou sans « bon appétit » à l’ouverture du repas).

L’énigme à moitié révélée

Les auteurs admettent eux-mêmes qu’ils ignorent exactement les mécanismes biologiques et comportementaux qui agissent dans notre organisme.

L’école de Santé Publique de Chicago aux États-Unis a voulu savoir si des mécanismes endocriniens (ou hormonaux) étaient impliqués dans ces observations. Pour ce faire, ils ont dosé les concentrations sanguines de certaines hormones et neurotransmetteurs connus pour leurs rôles dans la prise alimentaire, la joie, et le conditionnement (5).

Les résultats ? Les personnes qui se sont souhaité un bon appétit ont vu leur sécrétion d’endorphine bondir de 14 % par rapport au groupe qui ne disait rien avant de manger. Certes les auteurs prennent en compte cette augmentation modeste, mais significative, qui pourrait expliquer une sensation plus agréable pendant et à la fin du repas.

La salivation en ligne de mire

Une autre étude, plutôt hors-norme, a voulu savoir l’impact de cette phrase (« bon appétit ») sur la salivation et l’activité des sucs digestifs (6).

Pour cela, les chercheurs ont comparé deux groupes d’étudiants  (155 dans le 1er groupe et 138 dans le second). Les deux groupes étaient tous assis à table, avec les couverts (fourchette, assiette, etc) mais sans aucune nourriture. 5 minutes après que les étudiants se soient installés, ils devaient, par petits groupes, soit se souhaiter un bon appétit, soit ne rien faire.

5 minutes plus tard, la salivation était mesurée ainsi que l’activité de certains sucs digestifs. Les résultats montrent que le groupe « bon appétit » avait une salivation accrue de 37 % ! Et ces travaux montraient le début de la sécrétion d’au moins 2 sucs digestifs.

Ces résultats montrent un rôle hors norme de cette phrase dans la formation du bol alimentaire, qui sera digéré plus efficacement par l’estomac.

L’impact sur le poids

Finalement, une étude épidémiologique réalisée sur près de 8.000 Hollandais s’est penchée sur les habitudes alimentaires et le poids des participants (7). Le questionnaire proposait un grand nombre d’items (= questions), et en particulier si la phrase « bon appétit » revenait régulièrement avant de manger.

Après correction des paramètres confondants de l’étude (âge, sexe, habitudes alimentaires, etc.), le modèle généré explique solidement que plus la fréquence de cette phrase était élevée (plus de 15 fois par semaine) plus l’indice de masse corporelle était bas (R² du modèle de 0.68, soit 68 % des cas sont expliqués par le modèle).

En d’autres termes, les ménages qui se souhaitaient le moins de fois « bon appétit »  (inférieur à 5 fois par semaine) avaient tendance à avoir les IMC les plus forts, autrement dit, du surpoids.

L’évidence de la méthode

À la lumière de ces résultats, une consigne évidente et plutôt surprenante pour contrôler, très simplement, sa courbe de poids… est de se souhaiter un bon appétit avant de manger.

Sans tomber dans l’excès, les ménages français mangent 2 fois sur 3 à table et se souhaitent généralement bon appétit. L’impact d’une telle mesure prise en France serait plutôt faible, même si elle montre réelle efficacité.

Par contre, aux États-Unis, cette méthode simple comme « bonjour » pourrait faire être utile dans un programme plus large, de lutte contre l’obésité les maladies connexes.

Avez-vous remarqué la différence lorsque quelqu’un (ou vous-même) souhaite un bon appétit avant de manger ? Faites-en l’expérience et partagez cela avec les commentaires.

L’article n’est pas terminé…

Vous avez lu un article original, issu des meilleures recherches en nutrition et comportement. Je l’ai écrit, je l’espère, de la manière la plus compréhensible possible et en prenant en compte les financements des chercheurs.

Cet article a pour but principal de vous exposer une méthode plutôt étrange et connue de tous. Mais pas seulement.

L’article est complètement faux. J’ai tout inventé. Les références, les chiffres, les noms des chercheurs, les équipes de nutrition, les expériences. Retournez plus haut dans l’article pour regarder plus attentivement les références que j’ai citées. Vous trouverez de magnifiques perles, notamment Barack Obama comme auteur d’une étude, ou encore une étude écrite en l’an 2049 !

Si vous ne m’avez pas cru, c’est bien. Vous avez une bonne perception de l’arnaque scientifique ou de la « lourdeur » du sujet.

Par contre, si vous avez été berné par cet article, ou du moins plutôt perplexe par rapport aux résultats énoncés, vous êtes alors probablement comme la majorité des personnes qui lisent des articles de santé ou d’information.

L’objectif de cet article est de vous faire prendre conscience que l’on peut facilement convaincre, duper ou tromper beaucoup de personnes en utilisant une notoriété, des références bien choisies, et des articles bien construits.

Vous devez toujours vous poser des questions, faire des recherches supplémentaires, croiser l’information et vérifier les sources.

J’espère que vous vous serez autant amusés en lisant cet article que moi en l’écrivant ! J’attends avec impatience vos commentaires, et surtout, qui s’est fait Rick Roll’D ? ; )

Notes et références

 (1) Dumstein, S. N., Rimm, E. B., Rosner, B., Smith, W. C. 2049. Effect of the say “bon appetit” on physiological and behavioral parameters during lunch. The American Journal of Clinical Nutrition, 83, 559-566.

(2) Kop, M., Nelson, S. M., Molis, K., Guopi, J. 2010. Behavior and nutrition: an amazing trial on humans and speaking. New England Journal of Medicine, 363, 1900-1908.

(3) Vacon, O., Toupe, J., Ruo, T.. 2012. Effect of sentence bon appetit during lunch, a comparative study. Archives of Pediatrics and Adolescent Medicine.

(4) Matts, S. B., Woot, J. P., Rourke, A. G. & Obama, B. 2005. Systematic influence of endorphine during lunche associated with saying “bon appetit”. Postgraduate Medical Journal, 81, 167-173.

 (5) Ferrari, H. A., Guide, B. 2007. Randomized trials with students in two comparitive way of eating. The American Journal of Clinical Nutrition, 86, 1780-1790.

(6) Smith, R. G., Smith, R. G. 1997.All the results of this study are wrong and false. American Journal of Epidemiology, 145, 926-934.

(7) Kuneh, J. A. 1999. Management of appetite during meal trial with dogs. Bone, 24, 279-90.

On reste en contact ?

D'autres enquêtes et articles doivent vous intéresser ! Inscrivez-vous gratuitement à la newsletter de plus de 10.000 abonnés et recevez plusieurs enquêtes et guides inédits (sur le sucre, les crèmes solaires, les dangers des poêles...) qui ne sont pas présents sur le blog !

15 commentaires
  1. Je me suis fait avoir :D Surtout parce que les “fausses sources” sont en Anglais tout simplement.

    En revanche je ne connais pas vraiment l’impact de souhaiter une bonne appétit sur la nourriture, mais je sais qu’il y a un petit documentaire “le message de l’eau” du docteur Masaru Emoto qui essaye de démontrer que les pensées influes sur l’eau. J’ai pas lu ses livres, mais je me demande ce que ça vaut?

    1. Salut Zakari !

      Ouais j’avoue que ces “fameuses sources” peuvent vraiment apporter du crédit à des propos et parfois.. tromper les gens !
      Je connais cet auteur sur “le message de l’eau”. Il a été beaucoup vulgariser dans le film “What the bleep do we known”.
      En fait, on change complètement de sujet aevec Emoto. Mais l’idée est que l’homme pourrait bien influencer tout ce qui l’entoure et même par la pensée.
      Par contre, ce film qui présentait cet auteur (entre autres) était plutôt orienté dans une direction bien précise (il fait polémique). Certains chercheurs interviewés regrettent encore d’avoir participé au film ! Enfin, c’est pour la petite histoire.

      Merci de ton commentaire et à bientôt

    2. dire bon appétit avant de manger signifie mange mon chien , avale mon gros porc ! ça ne se dit pas tout comme on ne dit a tes souhaits à une persone venant d’eternuer !

      1. Voilà une philosophie très intéressante GANON ! ; )
        Sur le même principe, je ne te remercie pas, n’est-ce pas ? : )

  2. Lol le pire c’est que j’y ai cru (peut être parceque je te faisai confiance pia)
    A part pour le fait que de souhaitez bon appétit reduise la consommation, au contraire on aurait tendance à penser qu’elle augmente.

    Enfin bon bien joué quand même haha !

  3. Ahhh je comprends mieux !
    Pour les articles sur l’alimentation animale c’était pareil! Tout s’explique, nous qui t’avions pris pour un charlatan! Tu nous a bien eu!

    Belouch

  4. Bouuh, c’est pas beau d’abuser de la confiance de ses lecteurs !

    En effet je vérifie pour ma part les sources lorsque je ne suis pas rodée sur un sujet, quand je n’ai pas encore confiance en l’auteur, ou que je ne suis tout simplement pas d’accord, pour voir s’il a de bons arguments !
    Mais lorsqu’on lit les propos de source qu’on juge de confiance habituellement, c’est vrai que parfois on ne s’embête pas à tout vérifier.. ^^

    En ce qui concerne ce SUPERBE article sur le “bon appétit”, la lecture m’a irritée je ne saurais dire pourquoi, jusqu’à ce que je sois soulagée de constater que c’était un canular !
    Peut être parce que j’ai horreur de souhaiter un “bon appétit” tout simplement :D
    Peut être aurais-je vérifié les sources, je ne sais pas, mais vu que je lit les articles en totalité avant de cliquer sur les liens ou rechercher… impossible de savoir. :)

  5. J’avoue, je me suis fait avoir.
    Généralement, je ne manque pas d’esprit critique en lisant un article.
    Mais dans ce cas la, connaissant ton mode de travail, ton regard avisé et ta capacité a trouver les bonnes études qui ne sont pas financé ni par l’industrie pharmaceutique, ni par l’agroalimentaire, je t’ai fais confiance de bout en bout.
    J’ai été victime de la confiance que je te porte.

  6. Bravo Jérémy ! Excellente piqure de rappel !
    Moi aussi je viens de me faire berner. Ca m’a bien fait rigoler !(un peu jaune quand même, faut bien l’admettre).
    Merci de nous rappeler que dans ce monde il ne faut pas s’endormir, rester vigilant.
    Sandrine;

    1. Salut Sandrine !

      Merci à toi ! C’est tout à fait normal de se faire avoir, comme cela m’arrive quand je lis rapidement un article dont le sujet me plait et dont l’orientation va dans mon sens (c’est souvent dans ces situations que l’ont ai facilement manipulé).

      En tout cas je suis ravi que cet article aiguise un peu plus ton esprit critique, un doute méthodique mais permanent ! (même envers moi et mes erreurs de jugements que je dois faire en permanence)

  7. J’étais en train de me dire que ça ne coûtait rien d’essayer (genre j’allais faire ma petite étude sur mon copain qui veut maigrir) ! Haha ! :D

  8. Je commençais à me résoudre à faire une demande en mariage au premier venu pour retrouver la ligne ! Ouf sauvée !!! :D Mais toutefois je pense que la convivialité et les repas pris à table en bonne compagnie évite la junk food ou les repas trop vite expédiés qui nuisent sans doute à l’IMC ! Bravo pour cet article bien rigolo.

  9. Haha! bien bernée, c’est clair.
    Moi, ça ne me paraissait pas si étrange que cela, si se souhaiter bon appétit signifiait simplement un peu d’attention à l’autre et aux nourritures partagées ; maigrir peut-être pas mais mieux digérer…… Bon, je ne voyais pas trop comment les mesures étaient prises pendant que tout le monde était à table mais ceci dit, tu as juste peut-être imaginé quelque chose qui sera vérifié dans quelques temps par un groupe de chercheurs qui n’aura pas grand chose d’autre de plus intéressant à faire.
    Je te souhaite une bonne journée, qui sait, elle sera peut-être meilleure pour toi que prévu……ça ne coûte rien….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Tous les commentaires sont soumis à modération à priori. En postant un avis, vous acceptez les CGU du site Dur à Avaler. Si votre avis ne respecte pas ces règles, il pourra être refusé sans explication. Les commentaires avec des liens hypertextes sont sujets à modération à priori. La partie commentaire d'un article réservé aux membres peut être accessible à tous, mais les commentaires des internautes non inscrits n'ont pas vocation à être publié. Merci d'émettre vos avis et opinions dans le respect et la courtoisie. La partie commentaire sera automatiquement fermé 30 jours après publication de l'article.