Les amas de cholestérol qui sont évacués après le nettoyage viendraient des canaux biliaires du foie. Malheureusement, aucune donnée scientifique ne permet de le vérifier et de le confirmer. En réalité, la taille des canaux hépatiques, inférieurs à 1 mm, ne permet en aucun cas d’avoir des amas de cholestérol dont la taille dépasse les 20 mm.
L’origine des boulettes est simple : elles sont formées grâce au cholestérol contenu dans la bile, agrégé sous forme de boulette dans l’intestin, puis expulsé grâce au sulfate de magnésium.
Sommaire de l’enquête
1/5 : Nettoyage du foie et de la vésicule biliaire : les méthodes, les ingrédients et les miracles
2/5 : Les ingrédients de la cure du foie : une arnaque intellectuelle et financière
4/5 : Nettoyage du foie : des témoignages positifs peu fiables, explicables et des risques graves
5/5 : Faut-il faire un nettoyage du foie et de la vésicule biliaire ?
Calculs et lithiases biliaires : l’origine du mythe
Les fameuses boulettes de gras qui flottent dans les toilettes après la cure sont réputées venir des canaux hépatiques, quand bien même nous n’avons aucune preuve scientifique qui le démontre :
- l’acide malique n’a aucun intérêt pour les éjecter, et aucune propriété connue pour les ramollir ;
- le sulfate de magnésium n’a aucun effet connu pour dilater des canaux hépatiques, seulement sur la synthèse de CCK qui dilatera le sphincter d’Oddi et contractera la vésicule biliaire ;
- De plus, le passage d’un caillou ou d’une lithiase de grosse taille entraîne des douleurs insupportables qui témoignent d’un passage, et parfois d’une évacuation spontanée, mais aussi d’un aller simple aux urgences.
Comment des boulettes qui peuvent atteindre 15 voire 40 mm peuvent-elles passer dans des canaux intrahépatiques qui ne dépassent pas le millimètre, et le canal cholédoque qui fait 5 mm au plus large ?
Les boulettes se forment dans l’intestin
Dans les faits, l’ hypothèse la plus répandue concernant l’origine de ces boulettes vient de la saponification de l’huile d’olive avec le jus de pamplemousse et des acides biliaires présents lors de la digestion.
Une correspondance publiée dans le Lancet a démontré, avec l’analyse des boulettes de gras apportées par une femme, qu’elles étaient composées d’huile d’olive11. Les chercheurs ont été capables d’en fabriquer expérimentalement à l’aide d’huile d’olive, de jus de citron et d’une base puissante, de la soude caustique. Ils ont pu créer des boulettes de gras solides, comme celles évacuées par les pratiquants.
D’autres personnes ont aussi montré que ces boulettes se formaient bien dans l’intestin grâce à l’huile de l’olive en utilisant des colorants alimentaires. L’analyse visuelle de l’intérieur des boulettes montre que le colorant se trouve à l’intérieur, indiquant sans l’ombre d’un doute que les boulettes ne viennent pas du foie ou des canaux.
C’est la cure elle-même qui permet de créer les boulettes de gras, et donc de valider la méthode.
L’effet du sulfate de magnésium sur l’intestin. Le fait de l’ingérer entraîne la synthèse CCK et va entraîner une surmotilité du tractus gastro-intestinal. Il n’y a pas d’erreur d’orthographe. On parle de mobilité pour les jambes et de motilité pour les mouvements et les contractions, qui permettent d’extraire les nutriments et d’évacuer la matière fécale progressivement. Or, l’ajout de sulfate de magnésium va augmenter drastiquement la motilité des intestins, entraînant trop rapidement tous les digestats, aliments, biles et même le gras en dehors du corps. Le côlon n’ a pas la capacité d’assimiler ces apports massifs. Tout est évacué. C’est pour cette raison que l’on observe sur certaines photos des oignons entiers dans les selles. Dans une situation normale, il est impossible d’évacuer des nutriments, et surtout pas du cholestérol, sinon il y a un problème de santé.
Le cholestérol de la discorde dans les boulettes ?
Voilà suffisamment d’informations pour discréditer totalement la cure. Mais pas si vite. Denis Lecourieux a été méthodique dans sa présentation des résultats, et a fait analyser deux boulettes de gras dans un laboratoire.
Dans les deux cas, les résultats d’analyses, visibles et indiscutables, montrent bien que ses boulettes sont faites à 95 % de cholestérol (enfin seulement 2 sur plus de 10 000).
Il n’y a donc pas forcément de l’huile d’olive dans les boulettes. Mais d’où vient ce cholestérol ?
Deux hypothèses sont émises par Denis Lecourieux pour expliquer ses résultats sur son site :
- La “matière”, comme il l’appelle, sort bien du foie et de la vésicule biliaire, mais sous forme “non agrégée, liquide ou semi liquide”, et les boules sont ensuite générées dans l’intestin grêle par la digestion. Il précise que dans ce cas-là, “il n’y a donc aucun risque de voir un calcul rester coincé en cours de route, et rajoutant qu’il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’on y retrouve des résidus de la digestion, dont l’huile de l’olive” ;
- La dilatation des canaux biliaires par le sulfate de magnésium est suffisante pour permettre d’évacuer les boules de graisses.
Malheureusement, les deux hypothèses desservent la cure elle-même. Pourquoi ?
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1 commentaire
Bonjour Jérémy,
A quand la prochaine boulette ?
A “pisser de rire”.