L’espérance de vie…
L’espérance de vie à la naissance ne cesse d’augmenter depuis plusieurs décennies grâce aux progrès de la médecine, l’amélioration de l’hygiène, l’accès aux soins, à de l’eau potable, etc. Cette espérance de vie est un indicateur important dans le classement du niveau de vie des pays du monde entier.
Les pays qui affichent malheureusement une espérance de vie faible cumulent les situations à risques : des guerres civiles ou entre pays limitrophes, une forte pauvreté et inégalité sociale, une mortalité infantile plus élevée, de la malnutrition, de la contrebande de médicaments…
De l’autre côté, les pays industrialisés et développés comme la France, l’Allemagne, la Suède, l’Italie, les USA, l’Australie et bien d’autres cumulent des facteurs favorisant une longue espérance de vie à la naissance (éducation, accès aux soins, sécurité intérieure avec l’absence de conflits, etc.)
Nous avons donc tendance à utiliser cet indicateur qui est de 82 ans pour les Français, avec un avantage
Le saviez-vous ? On mélange bien souvent le terme espérance de vie et espérance de vie à la naissance à l’oral ou l’écrit. Pourtant, les instituts statistiques calculent différentes espérances de vie : celle à 20 ans, 40 ans ou 65 ans. D’une manière générale, quand on parle de l’espérance de vie on parle de celle à la naissance.
Les données les plus récentes datant d’octobre 2018 placent l’Italie en pôle position au sein de l’Union Européenne avec une espérance de vie à la naissance de 83 ans, hommes et femmes confondues (l’avantage est toujours pour les femmes).
La France se trouve à la 7ème place du classement, avec une moyenne de 82 ans dont 85,3 ans pour les femmes et 79,5 ans pour les hommes.1 La France se retrouve derrière la Suède ou le Luxembourg, mais devant l’Allemagne ou le Royaume-Uni. En queue de peloton, on retrouve de nombreux pays des Balkans, avec la Roumanie et la Bulgarie qui possèdent une EVN de 75 ans, ainsi que la Lituanie ou la Hongrie (74,4 et 76,1 ans respectivement).
Avons-nous atteint notre “limite” physiologique ?
Jusqu’à quand pouvons-nous vivre ? Quelle est notre limite ultime ? La question déchaîne les passions dans le monde médical et scientifique. Nous avons une liste précise des doyens de l’humanité avec une moyenne autour de 115 ans, et la plus haute jamais atteinte avec la Française Jeanne Calment (122 ans et demi).
Malgré la controverse initiée par des chercheurs et entrepreneurs russes sur la véritable identité de Jeanne Calment2 3 4, qui serait en réalité décédée à l’âge de 99 ans et dont l’identité aurait été usurpée par sa soeur Yvonne Calment, la limite physiologique maximale de l’homme semble donc être atteinte… jusqu’au nouveau record ?
L’espérance de vie en bonne santé
Au-delà de l’EVN et de la longévité, révélateur de la situation globale d’un pays, l’espérance de vie en bonne santé (EVBS) apporte des informations plus précises sur la qualité de vie, et son évolution avec l’âge.
Si vivre le plus longtemps possible peut-être un objectif louable, il serait bien peu utile de devenir un supercentenaire (plus de 110 ans) multidépendant incapable de réaliser les actions les plus élémentaires (se nourrir, parler, etc.)
C’est ici que l’EVBS entre en jeu. Voici la définition officielle donnée par l’Insee :
“L’espérance de vie en bonne santé (à la naissance), ou années de vie en bonne santé (AVBS), mesure le nombre d’années en bonne santé qu’une personne peut s’attendre à vivre (à la naissance). L’AVBS est un indicateur d’espérance de santé qui combine à la fois des informations sur la mortalité et sur la santé fonctionnelle. Les informations utilisées pour son calcul sont des mesures de prévalence (proportions) de la population d’un âge spécifique avec ou sans limitations dans les activités usuelles et les taux de mortalité par sexe et âge.”
L’Insee précise bien que la dimension “fonctionnelle de la santé” a été privilégié pour mesurer la qualité de vie générale des individus. On peut donc aussi parler d’espérance de vie sans incapacité (EVSI).
Toujours selon l’institut français de statistiques :
“Il s’agit plus précisément de l’absence de limitations dans les activités usuelles, englobant implicitement les activités scolaires pour les enfants, les activités d’éducation, professionnelles et domestiques pour les adultes et les activités sociales ou de loisirs pour tous.”
Toutes les limitations dans les activités dites élémentaires, par exemple manger, sont prises en compte dans cet indice, mais ne concerne heureusement que peu de personnes selon l’Insee. Ces données sont bien sûr sujettes à caution puisqu’elles résultent d’enquêtes nationales et sont “sensibles aux formulations des questions posées”.
Si les statistiques concernant l’espérance de vie à la naissance sont plutôt flatteuses pour la France, les données sur la qualité de vie, avec le nombre d’années que l’on peut s’attendre à vivre sans incapacité, le sont beaucoup moins.
L’Insee produit les données à partir de 2004, et on remarque une stagnation de l’EVBS chez les Français, avec toujours un léger avantage pour les femmes, entre 62 et 64 ans (en dessous de la moyenne européenne). En Europe, la Suède, la Norvège ou Malte sont dans le top 3 des EVBS.
Coïncidence peu agréable, mais l’EVBS des Français est quasi-identique avec l’âge du départ à la retraite, oscillant entre 62 et 63 ans. Autrement dit, nos belles années de retraites et de repos sont synonymes de dépendance et d’incapacité physique à des degrés divers. Un constat déconcertant pour une partie de plus en plus importante de la population qui échange une vie en bonne santé au travail contre une vie de retraité avec moult problèmes de santé.
Vivre plus longtemps, mais en bonne santé, voilà tout l’enjeu de nos pays développés. L’un des moyens pour y parvenir serait de suivre les fameuses habitudes de vie des “Blue Zones” ou Zones bleues qui comptent parmi le plus de supercentenaires au monde.
Mais ces régions du monde interrogent de plus en plus, et des voix commencent à s’élever pour dénoncer des erreurs ou des fraudes aux allocations qui gonflent artificiellement les super seniors vivant sur Terre.
Par ailleurs, le rôle de la génétique dans la longévité humaine est un sujet de mieux en mieux connu. Si nous avons tous la possibilité d’agir pour nous débarrasser de comportements dangereux, nous sommes moins égaux face à la génétique et l’hérédité.
La suite de cette série en deux articles :