Les patients qui consultent des professionnels de santé plus empathiques ont de meilleures chances d’être en bonne santé, d’avoir moins d’affections et de risque de certaines complications.
Sommaire
L’empathie, tout le monde en parle
Ce n’est plus un terme si étranger que ça. L’empathie est définie comme la faculté de se mettre à la place d’autrui et de percevoir ce qu’il ressent selon la Larousse.
Les personnes empathiques ou “empathes” sont capable de comprendre les événements et les émotions que d’autres personnes ressentent. Bien souvent, les personnes empathiques sont beaucoup à l’écoute, curieuses, et souhaitent aider les personnes dans des situations délicates ou de détresses.
Si l’empathie peut être plus qu’appréciée dans la sphère privée ou même professionnelle, elle a aussi toute sa place dans la relation entre un patient et son soignant.
De plus en plus de travaux rapportent que l’empathie médicale est une option de choix pour améliorer la qualité de cette relation, mais aussi et surtout la qualité de vie des patients.
Mais attention, l’empathie thérapeutique1 n’est pas à confondre avec la compassion ou de la sympathie. Par empathie thérapeutique on fait surtout référence à l’explication de l’état de santé du patient, la signification de sa maladie et des éventuels traitements pour engager une véritable discussion et des décisions partagées.
Des pratiques médicales dangereuses ? Lisez le dossier stupéfiant sur la très mauvaise qualité des recommandations de santé et des pratiques médicales (ici aussi un article sur les fraudes scientifiques).
“l’empathie médicale d’une importance indiscutable”
En 2013, une analyse des travaux scientifiques sur ce sujet nous rapportait que la communication empathique entre un médecin et son patient était d’une “importance indiscutable”2. Ce travail d’analyse ont notamment montré que l’empathie médecin-patient :
- améliorait la satisfaction du patient et son adhérence aux traitements proposés
- réduisait l’anxiété et la détresse
- permettait de résoudre de nombreux problèmes psychosociaux chez les patients
- permettait de soutenir davantage les patients dans leur changement de vie vers des habitudes plus positives et saines
- permet d’améliorer la qualité du diagnostic.
On retrouve aussi des résultats intéressants pour de banals rhumes. Les malades qui consultent chez des médecins plus empathiques souffrent moins longtemps du mal hivernal que les autres.
L’empathie thérapeutique pourrait aussi avoir des effets positifs chez les médecins. Notamment en réduisant les cas de burnt out et de fatigue chez les professionnels de santé.
Moins de mortalité avec l’empathie ?
Une étude plus récente réalisée chez 860 diabétiques de type 2 montre des indices d’un effet positif de l’empathie sur la mortalité générale3.
Si l’étude est loin d’être parfaite (association sans causalité), avec des faiblesses méthodologiques, les patients diabétiques suivis pendant une dizaine d’années et qui ont les plus hauts scores d’empathie médicale ont moins de mortalité toutes causes confondues.
Un bémol cependant, cette relation n’est pas linéaire et invite donc à la prudence dans l’interprétation générale. Elle mérite bien sûr confirmation avec un plus grand nombre de sujet, et d’autres affections.
Est-ce que les bilans de santé peuvent améliorer la santé, la mortalité des patients ? Pas si sûr. Découvrez l’analyse de la littérature scientifique sur ce sujet.
L’empathie thérapeutique à la peine
L’empathie médicale ou thérapeutique souffre de nombreux blocages et limitations pour être généralisé dans la pratique quotidienne. Les principales raisons invoquées par les praticiens sont :
- la pression sur la durée des consultations. Difficile de développer une relation de confiance et empathique qui prend du temps quand on doit assurer de nombreuses consultations, souvent le plus rapidement possible
- la surcharge de travail. Trop de travail, de consultation à réaliser, des rendez-vous à prendre découragent les praticiens de développer plus de relation empathique et longue avec leur patient
- le manque de confiance dans l’efficacité. Certains professionnels de santé estiment que l’empathie n’est pas une stratégie efficace pour améliorer la qualité des soins et donc la qualité de vie et le pronostic des patients.
- le manque de compétence. Un frein au développement de l’empathie thérapeutique réside dans le manque d’accompagnement et de formation des professionnels de santé dans ce domaine.
Malheureusement, les travaux montrent que l’empathie médicale diminue au fur et à mesure des années de formation médicale. Elle serait maximale dans les premières années de formation pour chuter dès la 3ème ou 4ème année, et rester ainsi très basse.
Une piste sérieuse à poursuivre
L’empathie thérapeutique ne bénéficie d’une attention scientifique suffisante pour que nous ayons le bonheur d’avoir de nombreuses études rigoureuses sur ce sujet.
Les évidences scientifiques restent maigres, avec des fragilités méthodologiques, mais elles restent tout de même prometteuses.
On se souvient de l’étude conduite par les laboratoires Boiron (EPI3) pour tester l’efficacité de certains traitements homéopathiques. Au final on pouvait seulement mesurer grâce à cette étude l’effet d’une consultation “homéopathique” avec un praticien plus disponible, plus à l’écoute, qui montrait probablement plus d’empathie thérapeutique. Les résultats positifs sur certaines affections pourraient bien être là une démonstration supplémentaire de l’intérêt d’enrichir et de renforcer sainement la relation médecin-patient.
Malheureusement, les faits divers dans le milieu hospitalier confirment plutôt la tendance inverse. La pression sur les soignants, le manque de personnel et de temps alloué pour s’occuper pleinement des patients.
Le point précis de l’empathie thérapeutique n’est qu’une facette du soin que l’on doit garder en mémoire dans l’amélioration des services de santé. Alors si vous en avez la possibilité, essayez de trouver des professionnels de santé qui montrent plus “d’empathie thérapeutique”.