L’efficacité des statines serait modeste, voire nulle, dans une des plus récentes méta-analyses indépendantes
La lutte contre le « mauvais » cholestérol
Bien connu du grand public pour avoir été médiatisé dans des documentaires Arté ou bien lors de débat télévisé, le mauvais cholestérol est toujours au centre d’importants remus scientifique.
C’est le fameux LDL-C pour Low-Density Lipoprotein Cholesterol en anglais.
Il est suspecté d’avoir un rôle causal dans la formation de plaques qui pourront boucher les artères et déclencher des infarctus. Je simplifie volontairement.
On parle dans le jargon médical d’athérosclérose (voir le dossier complet de l’Inserm ici).
Un phénomène qui augmente le risque d’avoir des maladies cardiovasculaires et de mourir.
Son frère ennemi est le HDL-C. Lui aussi bien connu de tous comme étant le « bon » cholestérol.
Il doit être le plus élevé possible, tandis que l’autre le plus bas possible.
C’est toute la mission dévolue aux statines, ces médicaments qui servent à faire baisser le mauvais cholestérol.
La controverse sur leur balance bénéfice (réduire les décès par maladies cardiovasculaires) sur risque (avec l’ingestion des statines) est vivace.
Les avis s’entrechoquent à grand coup de méta-analyse prestigieuse, dont certaines émanent directement des producteurs des statines.
Des médecins comme de Lorgeril ou Philippe Even ont tour à tour dénoncé une cabale scientifiquement et médicament non fondé contre le cholestérol.
Et aujourd’hui, une méta-analyse indépendante ne vient rien simplifier.
Des bénéfices modestes, voire nuls
L’étude est signée de la main d’une équipe internationale en santé publique et cardiologie (REF).
Son objectif ? Évaluer la sempiternelle association entre les statines, le LDL et la mortalité des patients.
Sa méthode ? Une méta-analyse et une méta-régression de tous les essais cliniques publiées à ce jour (selon leur méthode de sélection).
Ses résultats ? Les bénéfices ne sont pas franchement glorieux pour les statines en prévention primaire et secondaire.
Il y a d’abord les résultats de la méta-analyse à prendre en compte. Sur la mortalité, le bénéfice relatif est de 9 %. Sur les dangereux infarctus du myocarde et les AVC, le risque relatif est réduit de 29 % et 14 % grâce aux statines.
L’histoire change un peu quand on s’intéresse aux bénéfices absolus du traitement.
Pour ceux qui l’ignorent, la présentation « relative » des résultats est trompeuse. Elle devrait être systématiquement associée aux bénéfices « absolus » pour prendre des décisions éclairées.
Les voici pour :
La mortalité avec seulement 0.8 % de réduction.
Les infarctus du myocarde avec 1.3 % de réduction
Les AVC avec 0.4 % de réduction
Mais à cette méta-analyse publiée dans le JAMA (dont je vous invite à découvrir cet autre article critique sur les grandes revues) s’ajoute une méta-régression.
Une analyse globale qui veut plutôt mesurer le risque à l’échelle de l’individu d’un tel traitement. Les auteurs de ce travail ne trouvent dans cette configuration plus de bénéfice de la prescription de statines sur les paramètres clés.
Des critiques, un débat nécessaire
L’une des scientifiques à la manœuvre, la Dr Paula Byrne, s’explique sur Twitter. Elle précise que son étude met l’accent sur la caractérisation du risque individuel dans la prise de ces médicaments.
Elle pointe aussi du doigt la remise en question du remboursement au long cours de ces thérapies pour les personnes qui seraient à faible risque d’attaques cardiaques et dont les bénéfices pourraient être négligeables.
D’autres spécialistes pointent du doigt certaines limites de ce travail. Notamment la durée du traitement des patients, de seulement 4 ans en moyenne.
Ce qui serait « trop court » selon certains professionnels de santé pour montrer un clair et net bénéfices de la thérapie, même chez des patients à haut risque.
Cette étude vient donc mettre des grains sable dans la machinerie médicale des statines qui affirme que « plus c’est bas, mieux c’est ».
Un raisonnement d’ailleurs valables pour la pression artérielle et de nombreux autres paramètres pour lesquels il existe des débats scientifiques et médicaux.
Que propose finalement cette étude ?
De remettre au goût du jour le débat sur la surprescription médicale de statines afin de questionner les pratiques actuelles.
Car toutes les recommandations cliniques ne sont pas fondées sur les meilleures évidences scientifiques. Un fait documenté, et malheureusement présent dans toutes les disciplines médicales.