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Les vaccins anti-covid pourraient être responsables d’un effet secondaire indirect : les accidents de voiture. Enquête sur cette hypothèse en France, et dans un petit territoire, en Nouvelle-Calédonie.

© Michael Jin | Unsplash

Les vaccins anti-covid pourraient-ils être responsables d’une hécatombe sur nos routes ?

Après d’intense débat scientifique et citoyen sur le magnétisme ou les myocardites vaccinales, certains observent une recrudescence des accidents mortels de la route.

Le lien avec les vaccins ? Les arrêts cardiaques en conduisant, les thromboses…

Autrement dit tous les effets secondaires plus ou moins graves qui pourraient perturber notre conduite, et augmenteraient fatalement le risque de collision et de mort.

Qu’en est-il ?

Peut-on seulement avoir une réponse ?

Cette question revient assez couramment dans un petit territoire de la France, en Nouvelle-Calédonie, où la mortalité routière y est particulièrement élevée.

Les décès sur la route y sont 4 fois plus élevés qu’en France métropolitaine.

Et il se trouve que l’année 2022 est particulièrement sanglante. Il y a eu 63 décès sur la route à la date de 1 décembre 2022 pour une moyenne comprise entre 50 et 55 décès sur les 10 à 15 dernières années.

La question se pose.

Car après une campagne de vaccination sur ce territoire ultra-marin, peut-on faire un lien de causalité avec les accidents mortels de la route ?

On va essayer d’y répondre, avec une réflexion sur la France métropolitaine et les tout derniers chiffres de la mortalité routière à notre disposition.

Un signal inquiétant en France ?

On va commencer par la France.

L’exemple sera un poil plus significatif grâce à la taille de la population… sans commune mesure avec la Nouvelle-Calédonie, qui compte 240 à 250 fois moins d’habitants.

Les évènements rares seront donc susceptibles de passer inaperçus. C’est d’ailleurs toute la problématique que nous avons pu observer avec les vaccins contre le Covid-19.

Si les essais cliniques avaient bien un échantillon important de participants (plus de 40.000 pour Pfizer), il n’a pas été possible de mettre en évidence les rares myocardites vaccinales.

Les analyses de pharmacovigilances renforcées sur des millions de vaccinés ont permis de faire remonter ces signaux.

C’est un détail méthodologique important à garder dans un coin de sa tête.

Bref, qu’avons-nous comme chiffre en France ?

Nous avons globalement une mortalité routière qui diminue, sensiblement, depuis 2005. On observe une sorte de plateau autour de 3 400 à 3 500 décès par an à partir de 2013.

 

Chiffres de la mortalité routière en France (DOM compris) où l’on voit une sorte de stabilisation dans les décès depuis 2013, et une nette baisse en 2020 à cause des restrictions liées à la crise sanitaire de Covid-19.

 

D’année en année, les variations des décès oscillent entre -10 % et +4 %

Avec une exception notable, l’année 2020 qui totalise une baisse de 20 % des décès.

Cette année-là aura connu la mise en place de nombreux confinements, avec restriction des déplacements, fermetures des discothèques… Fatalement, il y a eu moins de conducteurs sur les routes, et moins dans des situations à risque, comme les jeunes qui sortent alcoolisés des boîtes de nuit.

L’année 2020 est donc un ovni dans cette réflexion statistique. C’est logique. Nous avons des conditions exceptionnelles qui expliquent ce résultat exceptionnel.

  • En 2021, il y a eu en France (DOM compris) 3219 décès.
  • Environ 300 décès de moins que les années 2019 et 2018.
  • Environ 8 à 9 %.

Mais 2021 est aussi une année un peu particulière avec un confinement lors du second trimestre et des restrictions sur certains établissements comme les boîtes de nuit.

Difficile donc de s’y référer pour tenter d’y voir un effet de la vaccination.

L’idéal est bien sûr de comparer avec 2022, en utilisant les années d’avant crise sanitaire et confinement (2019 et avant).

3% d’augmentation en 2022…

Et pour 2022, nous n’avons que les chiffres de janvier à octobre.

J’ai donc récupéré les décès des années 2018 et 2019 de janvier à octobre pour comparer avec l’année 2022.

Une année sans mesure exceptionnelle, où l’on pourrait éventuellement observer l’effet des campagnes vaccinales sur la mortalité routière.

 

Voici les décès en France pour les périodes de janvier à octobre pour les année 2018 et 2019 (année-témoin sans Covid et sans confienement) avec 2022 après le déploiement des vaccins et sans confinement. On remarque une fluctuation légère, dans les normes annuelles de 3% (source officielle gouvernemental).

 

Je retrouve une augmentation en 2022… de 3 %.

Il y a eu durant ces 3 périodes ; 2 694 (2018), 2 695 (2019) et 2 776 décès (2022).

3 %, cela ressemble à une variation annuelle normale. Pour rappel, la mortalité pouvait varier de -10 à +4 %.

Autrement dit, les données globales de mortalité pour la quasi-totalité de l’année 2022 ne montrent aucun signal inquiétant sur la mortalité routière.

Ceci étant dit. Et si nous avions observé une hausse de 10, 15 voire 30 %, qu’est-ce que cela pourrait bien signifier ?

Je ne sais pas. Des analyses plus poussées devraient être menées pour vérifier que cet écart est normal par rapport à la moyenne, et aux variations. Ensuite, identifier des facteurs avec des mécanismes de causalité serait un plus.

Il faut rajouter à cela que l’année 2018 est l’antagoniste de ce qu’on peut appeler une “année noire”. C’est l’année où la mortalité routière a été la plus basse jamais enregistré sur le territoire nationale. C’est donc une année exceptionnelle.

J’ai pu retrouver la mortalité routière en France métropolitaine avec un recul plus important dans le temps : de 2015 à 2019, pour les 3 premiers trimestres de l’année.

Il en ressort le graphique suivant :

Si les trois premiers trimestres de 2022 montrent bien une augmentation par rapport à 2018 et 2019, les chiffres sont en réalité plutôt en deça des moyennes nationales en considérant les années 2015, 2016 et 2017.

Ces nouvelles analyses ne révèlent pas une tendance plutôt mortifère de la mortalité routière en France après une vaste campagne de vaccination.

Et si on change l’échelle ?

Certains ont peut-être remarqué que ces différences qui semblent importantes sont surtout le fait d’une échelle très précise qui commence à 2300 décès.

Si on fait le même graphique avec une échelle qui commence à 0 et qui se termine à 4000 décès, cette importante différence devient un poil plus relative.

Et en Nouvelle-Calédonie ?

Avec 63 morts en 2022 (et l’année n’est pas encore finie), il faut remonter jusqu’en 2014 pour avoir des chiffres aussi élevés, avec 67 décès.

2022 apparaît donc dans les statistiques de la mortalité routière comme une année noire, identique à 2014 (67 décès), mais aussi 2010 (63 décès), 2009 (64 décès) ou 2005 (71 décès).

 

Source : DITTT NC

 

Techniquement, nous avons donc eu au moins 4 années avec une mortalité routière semblable (en chiffre) à celle de 2022… sans bien sûr le déploiement d’une campagne vaccinale pour un virus qui n’était pas encore là.

Tout comme la France, l’année 2020 et 2021 présentent moins de décès que les années précédentes 37 et 50). Il y a eu aussi des périodes de confinements et des restrictions de déplacements comme en France (discothèques également)

La vaccination pourrait-elle montrer dans un si petit territoire un effet sur la mortalité routière que nous n’arrivons pas à voir à l’échelle nationale ? Cela semble improbable.

Les chiffres de 2022, s’ils restent graves et témoignent du grave problème de sécurité routière en Nouvelle-Calédonie, ne sont pas extraordinaires par rapport à de précédentes années.

Au-delà de la campagne de vaccination qui ne touche pas tout le monde, et principalement les personnes âgées et/ou vulnérables, est-ce que d’autres paramètres pourraient expliquer cette tendance ?

Difficile à dire.

Les politiques de sécurité routière vont et viennent sur ce territoire, avec notamment un relâchement des restrictions d’achat de boissons alcoolisées. Il était impossible d’acheter de l’alcool dans un supermarché le vendredi, samedi et dimanche après-midi (le mercredi aussi, hors vacance scolaire), jusqu’en 2020.

Dans le même temps, l’alcool n’était plus accessible dans les rayons des magasins, et devait être isolé du reste des produits courants avec une caisse à part, et une obligation de présenter une pièce d’identité.

Droit image : Thái An (Unsplash)

En revanche, 2022 est une année particulièrement… pluvieuse. Le territoire est touché depuis deux ans par un phénomène exceptionnel, La Nina, qui apporte plus de pluie et de chaleur que d’habitude.

Or, nous avons pas mal de travaux scientifiques qui associent le climat, et notamment les précipitations, avec une augmentation des accidents de la route et des décès (1, 2, 3, 4). Cela pourrait sembler logique, car la pluie dégrade la visibilité des conducteurs et peut faciliter la perte de contrôle de son véhicule.

Mais est-ce la faute à la météo ? Aux travaux de circulation qui peuvent perturber des conducteurs ou bien les relâchements de certaines mesures de santé publique ?

Une meilleure sensibilisation à la sécurité routière certaines années ?

La faute a pas de chance ?

C’est impossible sans analyse plus approfondie.

On réalise en Nouvelle-Calédonie qu’il semble bien y avoir une tendance à la baisse pour le nombre d’accidents corporelle et de blessé, mais sans corrélation avec le nombre de tués. Ce point montre que le paramètre décès est très aléatoire.

Or, les analyses des autorités sur ce sujet nous rappellent que les décès sont souvent en excès de vitesse, sans permis de conduire, sans ceinture de sécurité et positif à l’alcool et /ou au cannabis.

Certains voudraient connaître le statut vaccinal des accidentés pour en avoir le cœur net. Mais comment cette information pourrait-elle nous aider ? Car il faudrait identifier les conducteurs, les responsables, les piétons… avec les conditions précises des accidents, qu’on ignore souvent.

Ces données ne seront d’aucune aide précieuse pour essayer de répondre à cette question. Si un passager vacciné décède dans un accident, qu’est-ce que cela signifie ?

Même un accidenté, vacciné, pourrait décéder à cause d’un problème de prise en charge dans le cas d’un accident éloigné que cela n’aurait que peu de lien avec sa vaccination.

Mise à jour 5 décembre 2022

Depuis l’écriture et la publication de cet article, 2 nouveaux décès sont malheureusement à signaler sur les routes, portant ce chiffre à 65 (au lieu de 63). Ces nouveaux décès sont également arrivée dans un contexte météorologique délicat, avec de fortes pluies et orage sur l’ensemble du territoire.

Une piétonne a également été renversé en tentant de traverser une voie de dégagement express (réputée dangereuse car entourée d’habitations de fortunes) pendant de fortes pluies. Elle aurait été sous l’emprise d’alcool selon la police, et montre la dangerosité de ces zones, surtout pas de temps de pluie où la visibilité et les capacités de freinages sont réduits.

Le bilan pourrait encore s’alourdir avant la fin de l’année, et les fêtes qui riment avec des consommations excessives d’alcool et des conduites à risque. Mais ce nouveau bilan ne change pas les analyses globales de cet article, ni les chiffres de la mortalité routière en France sur les 10 premiers mois de l’année.

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