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Les céréales font-ils partie du régime alimentaire « naturel » du chien ou bien est-ce le fruit d’une proximité et d’un opportunisme avec l’homme pour survivre ?

© Frankie Dixon | Freepik | Un Dingo sauvage sur une plage de Fraser Island en Australie où plusieurs meutes prospèrent.

Chien et fantasmes alimentaires

L’alimentation du chien est un sujet passionnant. En plus, il est controversé et défraie régulièrement la chronique sur le net où les experts, propriétaires d’animaux de compagnie et producteurs de croquettes se renvoient indéfiniment la balle.

Justement, un tout récent article paru dans The Conversation par deux universitaires, Sara Hoummady, professeure en éthologie (c’est l’étude du comportement des animaux) et Guillemette Garry, docteur en biologie, relance la controverse de l’alimentation « naturelle » du chien.

Un article qui propose de faire le point sur les céréales dans l’alimentation de nos poilus, dont la présence fait énormément débat, mais serait justifié.

Et il m’est impossible de ne pas réagir.

Je ne pourrais pas réagir sur tout, car j’ai déjà répondu en longueur à plusieurs points soulevés par cet article, où je suis d’accord et pas du tout d’accord.

Sur quoi suis-je d’accord ?

Mais il y a aussi des points où je ne suis pas d’accord.

  • Non, les femelles gestantes n’ont pas nécessairement besoin de glucides. J’ai traité ce sujet dans le détail où je reviens sur la seule et unique référence choisi par nos deux universitaires dont les défauts méthodologiques sont majeurs. Elles omettent notamment de citer des travaux plus récents qui montrent l’absence de problème de gestation et lactation avec une quantité suffisante de protéines.
  • Non, l’alimentation « naturelle » des chiens n’est pas similaire à celles des humains.

C’est ce dernier point que je vais détailler ici, car la démonstration risque de vous plaire.

Les preuves d’un régime « naturel » aux céréales

Parmi les arguments avancés pour rejeter les céréales, on sort la carte « historique » ou « naturelle » qui prétend que les chiens ne consomment naturellement pas de céréales.

Les auteurs de l’article en question battent cet argument en brèche, et prétendent l’exact opposé, citant trois références scientifiques. Ces études prouveraient que les chiens « préhistoriques » (environ 2000 à 3000 ans avant notre ère) et féraux (sauvages) consomment des céréales en grande quantité (via les déchets et selles humaines notamment).

Sauf que ces trois études ne permettent pas de statuer sur le régime alimentaire « naturel » du chien.

Les chiens préhistoriques

Extrait de la publication de Grandal-d’Angalde (2019) sur les ossements de chien dans la péninsule ibérique (et d’une vache dans la première photographie).

Les deux premiers travaux font référence à des analyses isotopiques précises pour déterminer le régime alimentaire de chiens « préhistoriques » de la péninsule ibérique (ici et ).

Si ces travaux montrent bien une forte présence de végétaux et céréales dans l’alimentation de ces canidés, les chercheurs précisent que c’est le fruit d’une préparation humaine !

En fait, les analyses archéologiques et génétiques proviennent quasi exclusivement des tombes pour animaux faites par les humains de l’époque (pour des rites funéraires particuliers), démontrant la forte proximité entre l’homme et les canidés.

Les chercheurs précisent que « l’inclusion des céréales dans l’alimentation des chiens ne peut pas apparaître naturellement », contredisant assez brutalement les affirmations principales du billet paru dans The Conversation.

En plus, les ossements des chiens présentent deux particularités étonnantes :

  1. Une forte homogénéité qui laisse penser aux chercheurs que les humains de l’époque contrôlaient bien la reproduction de ces animaux, déjà domestiqués et nourris principalement de leur reste
  2. Des maladies osseuses de la colonne vertébrale dont les caractéristiques plaident pour une origine alimentaire et le manque de protéines animales

Donc en réalité ces deux travaux, certes très intéressants et de bonne qualité, ne donnent aucune indication du régime « naturel » du chien sans influence humaine.

Au contraire ! Ces études affirment que l’introduction des céréales est le fruit du rapprochement avec l’homme et que des maladies osseuses pourraient être causées par un manque de protéines animales.

Les chiens « féraux »

La troisième étude pourrait être la plus intéressante, car elle se focalise sur des chiens sauvages au Zimbabwé et leur régime alimentaire, qu’on peut tous observer aujourd’hui.

Mais là aussi, cette étude ne donne en vérité aucune indication sur un régime « naturel » sans influence humaine.

Car ces bandes de chiens sauvages, ou errants, se nourrissent énormément des déchets et selles humaines qui contiennent beaucoup de céréales. Un comportement opportuniste liée à la proximité entre les chiens et les hommes.

Cette étude montre que les chiens sont aussi nourris par les humains avec un plat traditionnel, une sorte de porridge à base de maïs (sadza).

Est-ce pertinent pour vraiment savoir ce que consomment « naturellement » des chiens sauvages ? Je ne crois pas.

Les dingos australiens de la discorde

Et si pour y répondre on s’intéressait plutôt à des chiens réellement ensauvagés, depuis longtemps, vivant en meute et suivi depuis très longtemps par des centaines de scientifiques du monde entier ?

C’est plutôt une bonne idée ? Car nous avons en Australie le repère des fameux dingos qui ne sont rien d’autre que des chiens domestiques retournés à l’état sauvage (une hypothèse toutefois débattue), avec des conséquences importantes sur les autres espèces.

Car ce sont des prédateurs.

Il y a des dizaines et des dizaines d’études sur le régime alimentaire de ces chiens sauvages, sans influence humaine. On peut sans prendre trop de risque parler d’un régime « naturel ».

Nous avons depuis 2019 une synthèse de plus de 70 études sur l’écologie et l’alimentation des dingos australiens qui montre la présence quasi exclusive de proies animales dans le régime de ces canidés sauvages.

Extrait d’une publication scientifique avec les résultats de fréquence des aliments d’origine animale ou végétale chez le Dingo.

Sur près de 261 espèces animales et végétales identifiées dans le régime alimentaire des dingos, on retrouve trois espèces végétales, dont une variété de baies rouges.

En fonction des régions, des conditions climatiques et de la diversité des prédateurs, les proies animales constituent entre 90 et 95 % du régime alimentaire des Dingos.

Le cas de Fraser Island

Photographie d’un dingo en train de ramener un rat-kangourou à long nez.

Une étude particulièrement retentissante a été faite en Australie, sur l’île de Fraser, un joyeux des côtes australienne où les dingos prospèrent à raison de 100 à 200 individus. Des scientifiques ont récolé plus de 2000 déjections et 140 estomacs pour des analyses du régime alimentaire.

Cette étude au titre révélateur “des insectes au petit-déjeuner et de la baleine au dîner” montre à la fois l’importance des produits animaux dans le régime alimentaire de ces chiens sauvages mais aussi le côté opportuniste quand de la nourriture humaine est à disposition.

Car l’île est très touristique. Les scientifiques ont récupéré les estomacs d’animaux euthanasié ou habitués à la présence humaine proches des centres de visiteurs et retrouvent la présence de pain, de pâtes ou d’os de poulet… Des aliments que les scientifiques considèrent anecdotiques et “non naturels” pour les Dingos.

Ces chiens sauvages ont en revanche montré pendant les trois années de l’étude l’incroyable diversité des prises alimentaires, dévorant plus de 70 tortues, 3 orques, des dizaines de baleines et quelques dauphins (des animaux échoués principalement).

Le menu terrestre se compose de marsupiaux, Kangourous, poissons, d’oiseaux en tout genre que peut offrir l’île mais aussi des oeufs de ponte des tortues marines et des crocrodiles.

Faux-dilemme

(c) Isaac Benhesed. Dingos en captivité dans un parc en Australie.

Mais est-ce que ces démonstrations et étalages scientifiques nous aident vraiment dans cette histoire de glucides et de céréales ?

Je ne trouve pas.

Car le chien est profondément opportuniste avec une capacité étonnante à digérer à peu près tout. Il peut manger du fromage et du chocolat (mais c’est un véritable poison, n’en donnez jamais) alors que cela n’a rien de « naturel ».

Mais ce qui est « naturel » n’est pas forcément la seule nourriture acceptable pour une espèce. Et ce n’est pas parce que le chien peut le manger que cela est bon pour lui.

Le fromage est une création artisanale de l’homme qu’il est impossible de retrouver spontanément, au hasard, dans la nature. Cela n’empêche en rien le fromage de faire partie d’une alimentation variée, équilibrée et saine pour notre santé.

En gros, je fais l’avocat du diable de ma propre démonstration pour éviter de me faire dire ce que je ne dis pas.

Ces considérations scientifiques ne nous renseignent pas vraiment sur une question plus importante : est-ce qu’une alimentation riche en céréales, qui s’éloigne d’un régime « naturel », est néfaste pour la santé des chiens (ou des chats) ?

J’en parle en détail dans mon ouvrage au titre très provocateur « Ce poison nommé croquette »

Un ouvrage qui détaille l’impact d’une alimentation industrielle (et BARF) sur la santé des chiens et des chats (carcinogène, légumineuses, céréales, diabètes, obésité…)

Un ouvrage qui compile de nombreuses analyses critiques sur de nombreux produits alimentaires, et marques du marché.

 

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1 commentaire
  1. Avec toutes les informations contradictoires qui se baladent, j’ai préféré couper la poire en deux. Mes huskys mangent essentiellement de la viande mi-cuite (j’inclus les abats, les morceaux gras et je varie les sources) et du poisson (cuisson vapeur). Ils ont un jaune d’œuf cru un jour sur deux, et je rajoute de la purée de légumes et un peu de riz (s’ils en ont besoin, tant mieux, si c’est néfaste, la quantité n’est pas assez importante pour avoir un impact considérable sur leur santé). Multivitamines adapté aux rations ménagères et huiles de saumon et de coco en bonus, produits laitiers à base de lait cru en friandises. Ils n’ont été aux croquettes que la première année de leur vie, ce que je remarque surtout c’est que pour des difficiles qui boudaient un repas sur deux, ils sont maintenant très très contents de manger ^^

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