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La consommation, même modérée, d’alcool pourrait avoir des conséquences graves et irréversibles sur notre matière grise. Des travaux pointent les risques sur notre cerveau et nos fonctions cognitives de multiplier les beuveries et autres apéros. Enquête.

© Robina Weermeijer & Johann Trasch | Unsplash

On sait que l’alcool peut nous rendre vraiment stupides. Au point de dire et faire des choses très regrettable et dangereuse aux conséquences parfois désastreuses. Ce n’est pas un hasard si la consommation d’alcool est liée aux agressions physiques et sexuelles, aux accidents de la route et autres abus en tout genre.

Et je ne parle pas des impacts sur la santé, où la consommation d’alcool est au centre d’une intense bataille entre les programmes de santé publique et les alcooliers, qui maîtrisent parfaitement les rouages de la fabrique de l’ignorance.

Des batailles scientifiques qui ont réussi à implanter certaines idées comme l’effet protecteur de l’alcool… et notamment du vin rouge. Une affirmation dont j’évalue la véracité dans la seule enquête dédiée sur le blog.

Il y a tant à dire que vous devez impérativement la lire pour savoir si la première goutte d’alcool est dangereuse pour notre santé ou si on peut se délecter modérément de ces plaisirs interdits sans y perdre trop de plumes.

Sauf que « notre santé » fait souvent référence aux décès par arrêt cardiaque ou toutes causes confondues. On compte froidement les morts du côté des abstinents et des consommateurs, en essayant d’y voir l’effet de la dose.

Mais on oublie souvent la principale victime de cette consommation d’alcool : notre cerveau. Car si en boire trop peut rendre stupide, est-ce que cela ne détruirait-il pas notre cerveau à petit feu ?

L’atrophie du cerveau

Consommer trop et régulièrement de l’alcool pourrait atrophier certaines régions de notre cerveau. C’est la conclusion d’une vaste étude anglaise aux résultats retentissants menés sur plus de 25 000 Britanniques (1).

Cette équipe de la prestigieuse université d’Oxford démontre grâce aux données nationales britanniques (UK Biobank, déjà utilisé pour étudier le lien entre surpoids et gravité du covid-19 ou l’impact de la pilule contraceptive) que plus la consommation d’alcool est élevée moins on retrouve de matière grise.

Capture d’écran de l’étude britannique avec les résultats d’IRM sur les zones cérébrales touchées par la consommation d’alcool.

Ils retrouvent sans trop de difficulté que la fréquence du « binge drinking » ou les beuveries massives d’alcool sont aussi associé à des différences négatives dans l’architecture du cerveau, sur la matière blanche également.

Et cerise sur le gâteau, les effets sur notre matière grise sont indissociables de la nature de la boisson, que ce soit de la bière, du vin ou des spiritueux. Le paramètre le plus important reste donc la quantité.

Ce n’est qu’au-delà de 5 à 6 verres d’alcool standard par semaine (soit 56 g d’alcool) que l’on observe des associations négatives avec nos structures cérébrales.

Tout aussi intéressant, mais seuls les épisodes d’alcoolisation massive (binge drinking) d’au moins 14 à 15 verres tous les mois (et tous les jours..) sont associés à une matière grise moins importante.

Si l’étude laisse donc une place pour une consommation très modérée, elle invite à revoir tous les programmes de prévention de santé publique, notamment britannique. Des recommandations qui tablent davantage sur une consommation à faible risque autour de 10 à 12 verres maximum par semaine.

Des résultats qui vont en faveur du développement de l’abstinence, mais aussi des programmes plus connus comme le Dry January, dont on peut questionner l’intérêt et la portée médicale.

Fer et télomère

La même équipe britannique est responsable de deux études dans la même veine. La première a voulu trouver des mécanismes explicatifs de cette chute de matière grise et du déclin cognitif des consommateurs réguliers d’alcool (2).

Et c’est l’accumulation de fer dans le cerveau qui intéresse nos scientifiques avec une concentration accrue à partir de 5 à 6 verres d’alcool par semaine.

La seconde étude s’intéresse à la longueur des télomères (3). Ils représentent la partie extrême de nos chromosomes et leur longueur serait liée au processus du vieillissement. Plus les télomères sont longs, plus on serait résistant aux conséquences négatives du vieillissement.

On sort donc du cadre strict du cerveau (même si un vieillissement accéléré dégrade nos fonctions cognitives), mais les résultats vont globalement dans le même sens. Seule la dose change fortement. Ce n’est qu’à partir de 23 verres par semaine qu’on observe un raccourcissement des télomères.

Ces deux travaux ont également utilisé les bases de données nationales britanniques UK Biobank pour arriver à ces résultats qui incriminent, de concert, la consommation même modérée d’alcool sur la santé du cerveau (et notre vieillissement).

De quoi lever fortement le pied si vous voulez conserver toute votre tête ? Pas si vite.

Causalité tant recherchée

Si les publications sont sérieuses, et les chercheurs rigoureux, les liens de causalité ne sont pas si clairs qu’on pourrait le croire.

Avant de rentrer dans le détail, on peut intuitivement se demander si ce ne sont pas des personnes avec des vulnérabilités génétiques ou appartenant à des classes sociales défavorisées qui se retrouvent à consommer le plus d’alcool.

Autrement dit : les observations britanniques sont-elles causales ou peut-on supposer un lien inverse ?

Le docteur Frédéric Saldmann, médecin des stars et coqueluche des plateaux télé, est un expert en la matière, le roi des entourloupes grâce aux anecdotes et pseudo-vérités sur fond d’association inverse.

La question est importante. Suffisamment pour avoir fait l’objet d’une publication à part entière d’une équipe de l’université de Washington à Saint-Louis pour démêler le rôle de l’alcool sur notre structure cérébrale (4).

Cette vaste synthèse au regard critique n’y va pas vraiment avec le dos de la cuillère sur les travaux observationnels britanniques. Pour eux, la perte de matière grise s’explique principalement par d’autres facteurs de risques et prédispositions génétiques que la consommation d’alcool.

On retrouve notamment l’impact d’un statut socio-économique faible durant l’enfance sur l’expansion corticale. Aussi, les études observationnelles sur les jeunes et adolescents se confondent avec un phénomène naturel de maturation cérébrale (5).

Cette maturation cérébrale entraîne un élagage massif de connexions synaptiques particulières en faveur d’autres avec une perte normale de matière grise.

Pour autant, le rôle causal et négatif de l’alcool sur le développement cérébral est loin d’être écarté. Au contraire, certaines études sur les jumeaux montrent l’impact modéré sur certaines zones (cortex cérébral, gyrus frontal, et hippocampe).

Des études encore trop limitées avec des échantillons faibles pour avoir des conclusions fiables et presque universelles. Tout reste presque encore à faire dans ce domaine. Mais ces débats scientifiques et médicaux ne sont pas à mélanger avec les impacts, clairs, graves et indiscutables, des troubles causés par l’alcoolisation foetale durant la grossesse (6).

En attendant, la littérature à charge montre un seuil raisonnable d’alcool que l’on pourrait consommer tous les jours, tandis que les travaux à décharge tendent à relativiser cette limite à cause de la faiblesse méthodologique globale de ces recherches.

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