Miracle ou Arnaque : la flore intestinale, les probiotiques et les bienfaits santé

Le microbiote ou la flore intestinale apparaît comme la clé de voûte de notre santé. Avoir un « bon » microbiote nous protégerait des maladies inflammatoires et métaboliques, de la dépression et des cancers. Mais c’est quoi un « bon »microbiote ? Le sait-on vraiment ? A-t-on des moyens efficaces pour le modifier ? Les césariennes sont-elles dangereuses pour la flore intestinale de nouveau-nés ? Que faut-il penser des probiotiques ? Ce dossier inédit propose de répondre à des questions importantes sur un sujet qui nous concerne tous.

Les bonnes bactéries

Nous sommes littéralement envahies de bactéries. Du sommet de notre crâne au bout de nos doigts de pieds en passant par la bouche, notre estomac et bien sûr nos intestins qui en contiennent le plus.

On réalise l’importance et l’impact de ces bactéries avec une intoxication alimentaire. Quand les mauvaises bactéries prennent le dessus, les conséquences sur la santé sont désagréables, voire mortelles.

Les infections bactériennes résistantes aux antibiotiques sont des menaces réelles et de plus en plus sérieuses.

Sauf que dans la majorité des cas, ces bactéries ne nous veulent aucun mal et sont même indispensables à notre bon état général. On parle des fameuses bactéries commensales ou symbiotiques.

Elles ont le gîte et le couvert en échange de nombreux services rendus à notre organisme.

Elles participent à maintenir un bon équilibre microbiologique dans les zones colonisées, et assurent des missions capitales dans notre intestin notamment, le siège de notre immunité et de la bonne réception de nos nutriments.

Ce contrat à tacite reconduction commence dès notre naissance. Le bagage de bactéries héritées de notre mère servira à coloniser ces intestins encore vierges. Le mode de délivrance, par voie basse ou césarienne, est donc à l’origine d’intenses débats scientifiques sur la nature de cette colonisation et les impacts sur la santé du nourrisson.

On observe malheureusement que l’équilibre de notre flore intestinale est de plus en plus fragile et bousculé par les nouveaux standards de notre société.

Notre flore intestinale serait moins diversifiée et moins dense.

Hygiénisme à outrance, accouchement par césarienne, lait infantile artificiel à défaut de l’allaitement, aliments ultra-transformés, produits d’entretien, détergents corrosifs et antibiotiques à répétition…

Ces agressions chroniques sont à l’origine d’une profonde perturbation de l’équilibre de notre microbiote, une dysbiose intestinale.

Les conséquences et les problèmes peuvent être nombreux.

• digestifs (douleurs abdominales, diarrhées, constipation, maladie de Crohn, colite ulcéreuse…)
• de peau (dermatite atopique, eczéma, psoriasis)
• d’inflammations généralisées
• métaboliques graves (diabète, maladie du foie gras, obésité…)
• d’infections bactériennes ou virales
• d’allergies et d’hypersensibilité alimentaire
• de troubles dépressifs et anxieux
• des thromboses et accidents cardiovasculaires

On a l’impression qu’on pourrait virtuellement régler tous les problèmes de santé en soigner ses intestins. Certains prétendent même guérir de l’autisme avec la bonne flore intestinale.

Les probiotiques arrivent donc comme de véritables sauveurs pour surcharger nos intestins des bactéries les plus bénéfiques et corriger ce précieux équilibre.

Précieux intestins

Notre imposante tuyauterie a longtemps été considérée comme une simple usine à déjection qui permet de récupérer les nutriments de notre alimentation.

Un rôle primordial, mais terriblement réducteur. Car les travaux sur l’intestin et son microbiote ont montré qu’il peut agit sur de nombreuses fonctions physiologiques de premier ordre !

• notre immunité
• la production et régulation d’hormones intestinales
• sur l’action des médicaments et leur digestion (chimiothérapies, etc.)
• l’élimination des toxines
• sur notre cerveau avec d’importantes connexions nerveuses
• sur la production de nombreux métabolites avec des actions directes ou indirectes

Ce dernier point est peut-être le plus spectaculaire.

Car nos bactéries vont produire à longueur de journée différents produits (on parle de métabolites), comme des :

• acides gras (comme le butyrate ou l’acétate dont je parle de l’intérêt avec les bienfaits du vinaigre de cidre)
• protéines
• acides biliaires,
• gaz spécifiques comme le triméthylamine
• saccharides…

Des molécules qui peuvent pénétrer dans la circulation sanguine et toucher des organes, des cellules très éloignées… Dont certaines pourront agir sur notre cerveau et la sensation de satiété, le stockage des matières énergétique, la résistance à l’insuline, l’athérosclérose ou encore sur le nerf vague.

La vérité sur la flore intestinale, les probiotiques et leurs vertus

Si le rôle majeur de nos intestins sur notre santé semble indiscutable, ce sujet n’est pas épargné par les controverses et débats scientifiques. Bien au contraire.

Une sorte de flou artistique plane au-dessus du microbiote intestinal – comme j’avais pu en discuter avec les centenaires et les analyses génétiques – du rôle majeur des probiotiques (mais aussi des prébiotique comme l’eau de coco) et des nombreuses vertus thérapeutiques qu’on peut leur attribuer.

Car le microbiote intestinal est d’une complexité presque infinie !

On parle du second génome de nos corps tellement de bactéries y vivent. Et comme toute discipline scientifique, on retrouve des preuves de mauvaise et de bonne qualité avec des interprétations parfois hasardeuses quand d’autres apparaissent plus crédibles.

Ce dossier sera l’occasion de répondre à des questions d’intérêts publics et explorer des controverses vives sur ce sujet :

• Telle la fable du bon et du mauvais chasseur des Inconnus, avons-nous réussi à identifier avec certitude un « bon » d’un « mauvais » microbiote ?
• Est-ce que le lien de causalité entre un mauvais microbiote et de nombreux problèmes de santé est avéré ?
• Les césariennes sont-elles responsables d’une épidémie d’allergies et d’obésité à cause d’une perturbation du microbiote ? Si oui, avons-nous des méthodes pour limiter les impacts négatifs ?
• Les antibiotiques sont-ils néfastes pour notre flore intestinale, avec des conséquences importantes sur la santé ?
• Les probiotiques ont-ils la capacité de changer notre flore intestinale ? Si oui, est-ce que ces modifications sont favorables à notre santé ?

La suite à paraître

Abonnez-vous pour ne pas manquer la suite inédite de ce dossier consacré à notre microbiote, et les liens délicats et complexes avec notre immunité, les antibiotiques, les césariennes et les probiotiques !