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Si vous pensez que votre activité physique faite au travail est comme du “sport”, avec tous les bénéfices qui vont avec, malheureusement, vous vous trompez. La science montre aujourd’hui que le travail physique en milieu professionnel aggrave plutôt la situation.

“Le travail, c’est la santé !”

Le sport, c’est bon pour la santé. Depuis peu de temps en France les médecins peuvent prescrire des séances de sport dans les ordonnances afin de favoriser la pratique d’une activité sportive.

Pourquoi ? Car pratiquer régulièrement une activité sportive est bénéfique pour la santé et notamment pour la santé cardiovasculaire. Solliciter son coeur régulièrement la protège, tout en améliorant la santé cardiorespiratoire.

Le sport c’est tout simplement un pilier pour avoir une bonne santé, maintenir une masse musculaire correcte, maintenir une santé optimale de nos articulations et notre ossature, réduire le stress, etc.

L’ennemi du sport est bien sûr la sédentarité. Un mal de notre siècle puisque nous sommes désormais la plupart du temps assis ou affalé devant la télévision ou nos écrans tactiles. Rester assis tuerait autant que la cigarette selon des travaux scientifiques.

Mais de l’autre côté, il y a de nombreuses personnes qui ne font pas du sport comme on l’entend tous, c’est-à-dire aller courir le dimanche, faire un match de tennis ou de badminton ou du vélo, mais qui ont une activité physique à travers leur profession.

Ces personnes-là pourraient penser qu’elles bénéficient elles aussi des bienfaits de la pratique du sport sur la santé. Et pour cause, généralement ces personnes (agriculteur, manutentionnaire, travail de force, les soins à la personne, les éboueurs, etc.) sont épuisées à la fin de leur journée de travail. Un signe clair qu’une activité physique a bien été faite.

Alors pourquoi ne pas en retirer des bénéfices ?

Déjà, ces hypothèses se heurtent à la triste réalité des chiffres. Généralement, les professions physiquement difficiles ont les espérances de vie les plus faibles accompagnées d’un épuisement professionnel (aussi bien physique que psychologique).

Pourquoi l’activité physique professionnelle est-elle mauvaise pour la santé

Des scientifiques spécialisés dans la santé et l’activité physique ont publié plusieurs hypothèses qui expliquent pourquoi le “sport” au travail n’est en réalité pas bon pour la santé. Pire, il serait même délétère1.

Trop long et pas assez intense

Comparée à la pratique d’une activité physique traditionnelle, celle réalisée au travail s’étale sur de longues heures dans la journée, répétée durant plusieurs jours, et sans sollicitation intense.

Autrement dit, ce niveau d’activité physique n’est pas assez intense et trop long pour maintenir ou améliorer la santé cardiovasculaire et cardiorespiratoire.

Rythme cardiaque sur 24h

Ici c’est simple : la pratique régulière d’une activité physique professionnelle augmente le rythme cardiaque sur 24h alors que la pratique d’une activité sportive de loisir non.

Malheureusement, d’après ces chercheurs, l’augmentation sur la durée du rythme cardiaque est un facteur de risque des maladies cardiovasculaires et de la mortalité. Autrement dit, cela a un impact négatif sur la santé.

Mauvaise pression artérielle

Si on peut porter des charges lourdes ou faire des entraînements en statique pendant une activité physique en loisir, cela n’aura pas d’impact négatif à long terme sur la pression artérielle.

En revanche, la contraction musculaire disent les chercheurs pour porter des charges ou à travers des positions statiques de longues durées augmentent “instantanément la pression artérielle”. Problème, cette pression artérielle reste élevée plusieurs heures après l’effort, et cela est un facteur de risque sérieux et grave pour les maladies cardiovasculaires.

Risque d’épuisement physique

C’est la conséquence du rythme parfois acharné de travail de certaines professions. Avec 7 à 12h de travail physique tous les jours, et pendant plusieurs jours, la fatigue et l’épuisement physique pourront augmenter le risque de maladie cardiovasculaire.

Bien souvent, ces personnes n’ont tout simplement pas le temps de se reposer entre chaque jour de travail et les week-ends ne sont pas suffisants. Reproduit chez des sportifs, on pourrait parler de sur-entraînement.

Peu de contrôle

Bien souvent, quand on pratique une activité physique en loisir toutes les conditions sont contrôlé : on est en forme, reposé, avec un équipement adapté, protégé le plus souvent des aléas climatiques, hydraté, etc.

Malheureusement, l’activité physique professionnelle manque de rigueur dans la protection des travailleurs, notamment sur la vitesse d’exécution des tâches, les protections personnelles, les emplois du temps, les risques psychosociaux, etc.

D’après ce travail de synthèse, près de 50% de la population active travaille en extérieur sans contrôle sur les conditions climatiques, en plein soleil, avec une hydratation défaillante et non satisfaisante, sans repos suffisant, ce qui peut amener des risques significatifs d’attaques cardiaques et de maladies cardiovasculaires.

Bien sûr, toutes ces caractéristiques peuvent amener les travailleurs vers un épuisement généralisé grave pour leur état de santé, surtout en l’absence de mesure de contrôle et de protection des travailleurs.

L’inflammation en plus

La dernière hypothèse soulevée concerne le niveau d’inflammation du corps. Si l’activité physique de loisir augmente bien l’inflammation de l’organisme, celle-ci revient à des valeurs normales avec le repos.

Le problème avec l’activité physique professionnelle est qu’elle ne permet pas de se reposer suffisamment et entraîne donc des inflammations chroniques de l’organisme qui peuvent augmenter le risque d’avoir de nombreuses maladies.

(Spécial abonné) Est-ce que l’exposition au froid permet de lutter contre l’inflammation ? Le froid peut avoir des effets positifs sur le niveau inflammatoire du corps.

Toutes les promesses de cette thérapie sont expliquées.

Finalement, cette étude brise quelque part un mythe comme quoi l’activité physique que l’on déploie au travail pourrait être bénéfique pour la santé. Après, c’est du sport, mais pourtant, ce n’est pas du “sport” pour notre organisme.

Les leçons à retenir

Pour résumer, l’activité physique professionnelle est souvent caractérisée par :

  • Un manque de protection physique et psychosocial
  • Un manque de contrôle pour éviter les abus
  • Un manque de repos correct, d’hydratation, etc.
  • Un effort de faible à moyenne intensité et de longue durée
  • Une fatigue et un épuisement professionnel
  • Des postures non physiologiques, statiques et éprouvantes

Autrement dit, le dicton “le travail c’est la santé” n’aura jamais été aussi faux aujourd’hui. Pour protéger votre santé, vous devez impérativement tenter d’améliorer vos conditions de travail si elles sont trop chargées, sans période de repos suffisante, et non physiologique.

En parallèle à cela, il faut aussi essayer de récupérer le plus possible durant les heures libres. Pas facile dans notre quotidien surchargé d’activités et de tâches à la maison. Cerise sur le gâteau, il faudrait en théorie pratiquer une “véritable” activité sportive de haute intensité et de courte durée pour essayer de contre-balancer les effets négatifs du travail. Mais plus facile à dire qu’à faire, et il ne faudrait surtout pas augmenter encore plus l’état de fatigue.

Conclusion : le problème est loin d’être résolu pour l’ensemble des travailleurs malmenés physiquement par leur travail qui en payeront un jour ou l’autre les conséquences.


Références

1. Holtermann, A., Krause, N., Van Der Beek, A. J., & Straker, L. (2018). The physical activity paradox: six reasons why occupational physical activity (OPA) does not confer the cardiovascular health benefits that leisure time physical activity does.

On reste en contact ?

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5 commentaires
  1. Merci pour cet article tres interessant , j’ai fait partie des professions épuisantes , travail a la chaine chez Peugeot , il y a longtemps et je m’en souviens encore comme d’une torture , position statique et mouvements répétés avec des charges volumineuses dans un environnement extremement bruyant …pour ce qui est de la faute je ne vois , et je trouve dommage que la seule réaction soit sur la forme et non pas sur le fond , drame de notre époque …Merci Jeremy

  2. C’est un petit peu caricatural, on ne peut pas généraliser comme ça; le problème est surtout que le travail pénible entraine le besoin de compenser par l’alcool ou la cigarette. Ou la malbouffe.

  3. Tout a fait correct, notamment le fait que les travailleurs n’ont pas le temps de recuperer d’une journee sur l’autre.
    J’ai bosse dans la manutention (en entrepot), je soulevais des colis pesant jusqu’a 28 kilos et des bacs pesant jusqu’a 45 kilos. Pendant une journee normale, je soulevais entre 1000 et 2000 kilos. Je passais aussi entre 1 et 2 heures par jour a tirer ( = remorquer) des palettes pesant entre 400 et 650 kilos. Je pesais moi-meme environ 52-54 kilos a l’epoque, mais il est arrive que mon poids descende a 50… J’etais tellement maigre et ‘ripped’ (comme une bodybuilder – quasiment pas de graisse) que les gens non inities pensaient que je suivais un programme de musculation et prenais des pilules…
    Je bossais entre 50 et 70 heures par semaine (sur 5 ou 6 jours), payees 35… c’etait faire des heures sup non payees ou etre licenciee. Sur une semaine normale, je faisais entre 30 et 40 heures de travail physiquement epuisant, le reste, je le passais a scanner des marchandises (comme une caissiere de supermarche), a emballer/deballer des colis… et a remplir des bordereaux, envoyer des fax, faire des photocopies, imprimer des factures (plusieurs centaines de pages pour l’export)… et reparer le materiel (photocopieuses, imprimantes, machine a broyer des cartons, machine a cercler les colis etc.)
    Je me dispute regulierement avec des gens qui disent que j’avais de la chance d’etre payee pour faire du sport. J’explique que c’etait comme faire 30 a 40 heures de Crossfit par semaine, que j’avais tout le temps mal au dos, aux genoux, aux coudes, aux poignets, aux epaules, que je me faisais des fractures de stress du metatarse plusieurs fois par an, que certains de mes collegues se sont faits de ‘mauvaises’ fractures du pied ou ont meme perdu des doigts… et qu’on a eu des accidents ou des gens ont failli etre ecrases (chutes de palettes des etageres… et en plus, en entrepot, vous avez l’effet domino). J’avais aussi constamment du sang et des proteines dans les urines… et j’ai meme ete arretee 2 semaines (je suis revenue bosser au bout d’1 semaine, j’avais trop peur d’etre licenciee) par la medecine du travail parce que le medecin avait peur que je ne me retrouve avec une rhabdomyolise.
    Le weekend, a part une visite a la laverie automatique et a la superette, je le passais souvent au lit, a me reposer. Il m’est arrive de prendre des jours de conges payes pour dormir. J’allais chez le kine 2 a 3 fois par semaine (un grand merci a mon generaliste, tout le contraire d’un snob – du coup on etait plein de manutentionnaires, femmes de menages, et employes du batiment a se bousculer dans la salle d’attente de son cabinet), 1/2 heure de kine me faisait a peu pres le meme effet qu’1 heure a 1 heure 30 de piscine ou d’etirements toute seule.
    Si j’avais pu ne bosser que 2 jours par semaine, pas plus de 20 heures au total, physiquement, cela aurait ete OK. Les chasseurs-cueilleurs, d’apres ce que je sais, ils ne ‘travaillent’ pas plus que ca… le reste du temps, ils se reposent, ou ils se livrent a des activites non fatiguantes. En plus, toutes ces heures et ces heures de travail ne rapportent (Marx, la plus-value) qu’a nos employeurs… qui nous remplacent par d’autres chomeurs quand nous sommes trop uses. Comme si nous etions des machines.
    L’autre probleme des boulots comme ca, c’est que vous avez besoin de manger beaucoup. Par moments (quand je bossais 70 heures par semaine – j’avais aussi 3 a 4 heures de trajet par jour, pas mal a pied quand il y avait des problemes de transport, et j’habitais un 6eme sans ascenceur) j’ingerais 6000 calories par jour. Essentiellement du riz, des legumes, et du thon ou du poulet, mais j’avais des collegues qui se nourrissaient exclusivement de Coca Cola, burgers, frites, pizza, Mars…

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