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On peut parfois lire sur le net qu’il serait intéressant d’arrêter de consommer de la viande pour le climat. Pourtant une étude récente rebat les cartes de l’impact de notre alimentation sur les émissions de gaz à effet de serre.

Source : Freepik.com

Alimentation et climat

Ce que l’on décide de mettre dans son assiette peut avoir des conséquences importantes sur le climat. Les notions d’empreinte carbone, d’empreinte en eau et de gaz à effet de serre (GES) sont aujourd’hui bien connues.

Personne n’ignore le rôle et les impacts des productions alimentaires sur ces paramètres. En conséquence, de nombreux rapports et études scientifiques plaident pour un virage alimentaire significatif en faveur du végétal.

Dans quel but ? Alléger le lourd bilan carbone et les émissions de GES de la planète pour limiter la casse. Cela doit nécessairement passer par une multitude d’actions dans des domaines très variées, mais aussi par la baisse de consommation de produits animaux.

Car produire de la viande de boeuf, de porcs ou de volaille, ainsi que des produits laitiers ou des poissons, a un coût pour la planète. Il faut de l’espace, des terres que l’on peut prendre sur des espaces forestiers, mais aussi des ressources (de l’eau, des usines, du matériel, du transport, etc.)

Une récente étude s’est justement intéressée aux changements d’alimentation à l’échelle de la planète, dans 140 pays, et des impacts éventuels sur la crise de l’eau et du climat que l’on connaît actuellement.

L’objectif était de modéliser, car ce sont des modèles théoriques, l’effet de plusieurs types d’alimentation sur ces paramètres. Parmi lesquelles :

  1. Une alimentation végétalienne. Cette diète n’autorise pas la consommation de produits animaux, ni produits laitiers, ni viande, ni poisson ou fruits de mer.
  2. Une alimentation classique occidentale. Donc une diète avec une forte consommation de produits animaux issus de l’élevage terrestre ou maritime, de la pêche avec bien sûr des produits laitiers.
  3. Une alimentation faible en viande rouge. C’est une tendance que l’on voit de plus en plus, avec une réduction de la consommation de viande qui est jugée comme le produit animal le plus problématique (pour la planète, mais aussi pour la santé et le bien-être animal évidemment).
  4. Une alimentation végétarienne. Avec l’exclusion de toutes viandes animales et des poissons. Les produits laitiers sont autorisés.
  5. Une alimentation végétalienne 2/3 du temps. Comme son nom l’indique, l’alimentation reste classique 1 fois sur 3, et devient entièrement végétale le reste du temps. Sur une semaine avec trois repas par jour, cela représente un repas par jour avec des produits animaux.
  6. Une alimentation spéciale plus basse dans la chaîne alimentaire. On entend par là l’utilisation des insectes pour remplacer 10% des protéines animales terrestres (bovins, ovins, etc.) et l’utilisation de poissons-fourrage et de mollusque pour remplacer une bonne partie des protéines animales marines.

Les résultats de cette étude apportent un éclairage intéressant sur les grandes stratégies alimentaires que chaque pays peut mettre en place pour réduire son impact environnemental.

Bien sûr, chaque pays possède une situation bien particulière, avec des conditions climatiques différentes, un état de santé de la population différent, des relations commerciales et extérieures différentes, etc.

Les surprises de cette étude sont nombreuses.

Non, l’élevage ne pollue pas plus que tous les transports de la planète. Certaines associations véganes ou environnementales utilisent le poids de l’élevage en termes d’émission de gaz à effet de serre pour les dénoncer. Des émissions qui seraient supérieures à celle de tous les transports de la planète réunis. Pourtant, l’analyse précise de ces deux secteurs révèle des différences notables qui rend la comparaison délicate

Réduire ou éliminer la viande ?

Les travaux de cette équipe américaine du Centre Johns Hopkins pour un futur vivable placent bien entendu le régime strictement végétal comme le plus adéquat avec la protection du climat et des réserves en eau.

Ce n’est pas véritablement une surprise puisqu’un tel résultat était attendu avec une exclusion totale des produits animaux qui ont un impact fort sur l’émission de GES et sur l’empreinte en eau.

Extrait d’un graphique de l’étude qui montre les différentes émissions de GES en fonction des modèles alimentaires. En rouge, un zoom sur la France.

Mais la surprise vient d’une alimentation spéciale celle qui remplace 10% des protéines animales classiques par des insectes, et au moins 50% des protéines aquatiques par des sources marines plus basses dans la chaîne alimentaire (les poissons-fourrages et les mollusques).

Cette diète spéciale dont on parle de plus en plus souvent est à égalité avec le végétalisme strict. Il y a une donc, d’un point de vue strictement climatique et sur la gestion de l’eau, une possibilité viable de mêler la consommation de produits animaux et émissions de GES.

La seconde surprise vient du classement de ces alimentations en fonction de l’émission de gaz à effet de serre (GES). Ce n’est pas le végétarisme, ni le flexitarisme avec une baisse de la consommation de viande, ni l’éviction totale de viande rouge, mais bien le régime 2/3 végétalien qui ferme le podium.

D’après les auteurs de ce travail, réduire sa consommation globale de produits animaux est plus profitable pour le climat que d’éliminer la viande rouge. La principale raison vient de la production de produits laitiers et des oeufs qui participent énormément aux émissions de GES.

Un phénomène particulièrement fort en Inde où les produits laitiers occupent une forte place dans une alimentation majoritairement végétarienne.

L’analyse de cette équipe montre en particulier que se priver de viande rouge aurait le même impact sur les émissions de GES que l’arrêt des produits laitiers.

On remarque également le “jour sans viande” a un impact extrêmement limité à la fois sur l’empreinte en eau et les émissions de GES.

Manger pour la planète

En bref, cette étude apporte des résultats intéressants sur l’impact de notre alimentation sur la production de GES. Logiquement, l’alimentation strictement végétalienne est la plus favorable en termes d’émission de GES.

Toutefois, une alimentation différente, avec plus d’insectes et d’animaux bas dans la chaîne alimentaire, permet d’atteindre les mêmes niveaux d’émissions. Ces travaux rejoignent d’une certaine manière l’engouement de plus en plus marqué pour l’utilisation d’insectes dans l’alimentation animale.

Ces résultats indiquent que sur la seule base de cette étude pour les GES, il est possible d’allier une consommation de produits animaux et de contrôler les émissions responsables du réchauffement climatique.

Cet article scientifique met également l’accent sur les différentes stratégies que l’on peut mettre en place pour limiter son impact environnemental. En particulier, il serait beaucoup plus intéressant de végétaliser son alimentation plutôt que d’arrêter la seule et unique viande rouge.

On sous-estime l’impact de la production de produits laitiers et d’oeuf. Cette étude n’a bien sûr pas pris en considération l’impact de l’alimentation sur le bien-être animal (ce n’est pas vraiment le sujet) .

On reste en contact ?

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3 commentaires
  1. Bonjour Jérémy,

    Les chiffres de l’omnivorisme occidental sont défavorables quand on considère le seul élevage intensif. La donne est franchement favorable pour l’environnement lorsqu’on se penche sur l’élevage traditionnel en pâturage naturel, que ce soit pour l’émission des GES et pour la consommation d’eau! A fortiori avec le pâturage dynamique tournant, qui permet d’éviter les écueils du surpâturage.

    Végétaliser son alimentation dépendra du profil individuel : qu’en pensent les Inuits?!
    Pas persuadée que ce soit profitable pour la planète, vu la dépendance actuelle à l’agriculture intensive et ses désastres écologiques (cf “Le mythe végétarien” de Lierre Keith, à en vomir ses céréales de rage et de désespoir, pour ceux qui ne connaissent pas…)

    Diverses infos à ce sujet ici : https://www.youtube.com/watch?v=FX69H1H3G4c&t=2266s

    En attendant, merci de préparer nos assiettes et nos cerveaux déconnectés de la nature à l’arrivée des insectes !

    Belle suite

  2. Article très intéressant, ça permet de nuancer pas mal le côté « régime végétarien mieux que tous les autres régimes alimentaires à l’exception du régime végétalien ».

    Est-ce qu’il serait possible d’avoir le nom (voire le lien) de l’étude ?

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