Le célèbre antibiotique aux propriétés antivirales apparaît comme un colosse au pied d’argile contre la Covid-19. Plébiscitée par de nombreux collectifs, aucune étude sérieuse ne montre pourtant son intérêt.
Efficace, mais non recommandé ?
Cet antibiotique de la famille des macrolides est mis en avant par de nombreux médecins, collectifs et instituts hospitaliers pour soigner précocement les malades de Covid-19.
Un collectif a été crée spécialement pour promouvoir cette thérapie simple, efficace et peu chère : « Azi-thro d’hospitalisations » sur la base des observations de terrain de plusieurs généralistes dont le docteur Jean-Jacques Erbstein, interviewé dans le documentaire Mal Traités.
Plus récemment, l’utilisation d’azithromycine a été officialisé dans un document de prise en charge thérapeutique par le collectif Réinfo Covid mené par le Dr Louis Fouché (1).
Un document où l’on peut voir écrit noir sur blanc les recommandations d’utilisation de l’azithromycine, mais aussi de l’hydroxychloroquine, du zinc, de la vitamine D ou de l’ivermectine à différents stades de la maladie.
Référence scientifique à l’appui, le document mime les tableaux de recommandation officielle qui émanent des sociétés savantes et des autorités de santé, avec de nombreuses différences.
Des différences qui interpellent.
On va se concentrer sur l’azithromycine pour se rendre compte du niveau d’exigence du collectif Réinfo Covid pour produire des recommandations de prise en charge médicale.
Un niveau d’exigence relativement faible, au détriment des malades.
Quelles conséquences d’une prescription massive d’antibiotiques pendant l’épidémie ?
Devant l’importance croissante d’une bonne santé intestinale en prenant soin de nos bactéries bénéfiques, peut-on se questionner de l’intérêt et des conséquences d’une consommation massive d’antibiotiques pendant la pandémie de Covid-19 ? Éléments de réponses dans cet article d’importance.
Il y a recommandation et recommandation
Recommander un traitement, c’est facile à faire. N’importe qui peut le faire pour à peu près n’importe quoi. Comme danser en s’enroulant dans du jambon un soir de pleine lune pour trouver l’amour ou soigner votre insomnie.
D’autres vous recommanderont des thérapies cognitives et comportementales qu’ils jugeront plus efficaces, plus sûres et peut-être moins gênantes à faire…
Ce qui compte au-delà de la recommandation, c’est ce qui vient la soutenir.
Les preuves.
Et là aussi en matière de preuve, on peut retrouver à peu près tout et n’importe quoi. On va slalomer entre le remède approuvé par la mère Michelle, ou bien le retour d’une personne de confiance comme un médecin ou un infirmier, ou plus sérieusement avec des études scientifiques.
Et en matière d’études scientifiques, on retrouve là aussi tout et n’importe quoi.
De la prépublication moisie à l’étude achetée dans une revue prédatrice menée sur 35 loustics en passant par l’étude clinique contrôlée sur 300 ou 2000 malades.
Vous imaginez bien qu’une recommandation sera fiable si elle se base sur les preuves les plus fiables, comme des études cliniques contrôlées et randomisées.
À l’inverse, vous imaginez bien qu’une recommandation de pratique clinique qui se base sur un « on-dit » ou sur une anectode n’aura pas la même aura de fiabilité.
Elle ne vaudra pas grand-chose.
De retour sur le tableau de recommandation du collectif Réinfo Covid, on voit trois références (26, 27 et 28) qui viennent soutenir l’utilisation de l’azithromycine.
Ce sont nos fameuses preuves.
Du coup, tout le monde devrait faire comme moi et lire ces sources pour voir de quoi il en retourne et d’en faire une lecture critique pour évaluer la solidité de l’ensemble.
Mais par flemme ou manque de connaissance préalable, on mise sur la confiance. On s’épargne de longues heures de décryptage, et cela tombe bien, car c’est mon travail de le faire. Et en plus, je n’ai aucun parti pris, aucun lien d’intérêt…
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