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Phénomène rare en science, une étude publiée peut finalement être retirée ou rétractée pour diverses raisons. Qu’est-ce qu’une rétractation ?

© Capture d’écran du site BMJ.

Quand la science fait marche arrière

La rétractation scientifique, c’est une sorte de blâme ultime dans le monde scientifique et académique.

Un monde rythmé par la publication de ces fameuses études scientifiques dans des journaux en ligne qui ont passé toutes les étapes de la relecture par les pairs.

Sauf que ces études publiées nécessitent parfois d’être retiré.

On les rétracte.

Vous verrez souvent le terme « retracted » ou « withdrawn » en anglais pour vous avertir d’une étude ayant eu tel destin.

L’une des rétractations les plus célèbres récemment concerne l’hydroxychloroquine et l’étude du Lancet.

Un journal prestigieux qui n’a pu vérifier l’intégrité des données utilisées pour démontrer la dangerosité de l’antipaludéen.

Devant l’impossibilité d’avoir la garantie de donnée authentique, les auteurs se sont tour à tour désolidarisés de ce travail.

Cela a commencé par des « expression of concerns » ou des « expressions de préoccupation » soulevant les problèmes.

Bien souvent cela conduit à des rectificatifs ou des erratums.

Dans les cas extrêmes, on rétracte l’étude.

Pourquoi rétracte-t-on des études ?

Pour fraude, méconduite scientifique, manipulation en tout genre, plagiat, problème éthique…

Les tumultueuses rétractations

Les rétractations ne sont pas des longs fleuves tranquilles.

Bien au contraire.

Elles prennent parfois du temps. La découverte d’une fraude, de bonnes ou de mauvaises foi, peut prendre un temps certain et la rétractation encore plus.

Car il faut bien que ces doutes viennent de quelque part. Cela peut venir d’institutions, des auteurs de l’étude ou bien de chercheurs ou lanceur d’alerte qui se sont intéressés de près aux études suspicieuses.

Il s’en suit une discussion avec les auteurs visant à clarifier la situation.

Bien souvent on va demander des audits des données et une transparence totale pour faire le point.

En cas de refus, l’éditeur peut tout simplement décider de rétracter l’étude de son propre chef. C’est bien ce que nous avons vu avec l’affaire du Lancet et de l’hydroxychloroquine.

Mais c’est aussi le cas pour les nombreuses études en faveur de l’ivermectine.

D’ailleurs, une nouvelle étude très favorable à l’ivermectine vient d’être rétractée. Encore une. Pour quelles raisons ? Des conflits d’intérêts cachés de la part des auteurs et de très probable manquement éthique dans la conduite des essais cliniques. Les éditeurs ont choisi la rétractation.

Pour suivre l’actualité souvent silencieuse des rétractations scientifiques, vous n’avez pas beaucoup de choix.

Il faut impérativement suivre Retraction Watch, spécialisé dans cette affaire.

Et consulter tant que possible sa base de donnée pour trouver les études rétractées sur un sujet, sur un auteur ou une institution.

Retraction Watch est une mine d’information passionnante et intéressante sur les rétractations des études scientifiques.

Bien souvent, ces rétractations peuvent être mal vécues par les auteurs. On parle de harcèlement parfois de certains scientifiques pour faire rétracter des études qu’ils estiment frauduleuses.

Vous l’imaginez bien, c’est extrêmement compliqué et délicat.

Des rétractations en augmentation

C’est une constatation assez unanime : ces études retirées des bases de données sont de plus en plus nombreuses (1, 2).

La faute à de nombreux paramètres, et en première ligne la pression sur les chercheurs pour toujours publier plus.

La publication est souvent une obligation dans un métier de la recherche. On doit en plus publier souvent et dans les plus grands journaux scientifiques.

Pour se parer de la plus belle dorure, certains n’hésitent pas à bidouiller un peu les résultats. Cela peut passer par des photomontages, des données fabriquées, des protocoles défaillants…

Il n’y a pas vraiment de limite tant que l’étude peut être acceptée et permettre de gravir les échelons dans certains cas.

La crise sanitaire de Covid-19 a aussi été le théâtre d’une explosion des rétractations (3).

Le covid est devenu le sujet à la mode qui permet d’être abondamment cité et qu’il faut impérativement traiter pour voir sa popularité augmenter. Cela a conduit à de nombreuses rétractations, comme on peut voir presque toutes les semaines.

Tous les journaux scientifiques sont touchés par les manquements et les rétractations. Il ne faut pas croire que la qualité du journal limite ce mal, mais le réduit probablement.

Le Lancet, Science, Nature, BMJ… Les plus prestigieux font régulièrement la une de la presse quand une étude abondamment citée se retrouve dans une sombre affaire de fraude.

Les plateformes qui hébergent les prépublications également.

Mémoire de l’eau et rétractation

Pour ne citer qu’une seule rétractation célèbre, on pourra parler de celle publiée dans Nature en 1987 à propos de la mémoire de l’eau (4).

Cet article a eu des répercussions importantes sur l’une des pierres fondatrices de l’homéopathie, selon laquelle l’eau peut conserver une mémoire et donc avoir des propriétés malgré l’absence du moindre principe actif.

Sauf que l’histoire de cette publication est complexe. Devant le tollé scientifique, des investigations étonnantes (avec un magicien expert en trucage donc) ont montré l’impossibilité de reproduire les résultats de Jacques Benveniste.

Des conclusions contestées… bien entendu. Car cette histoire est éminemment complexe, mais nous montre les rouages complexes de la progression du savoir.

Un savoir qui doit s’autocontrôler par la communauté scientifique, dont le processus n’est absolument pas infaillible et reste énormément perfectible.

On reste en contact ?

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2 commentaires
  1. Bonjour,
    Quand vous dîtes rétracter l’étude de son propre chef, qu’est-ce que ça signifie?
    Qu’est-ce qui se cache derrière ? Le monde scientifique qui contrôle l’article et voit les failles ce qui fait rétracter l’étude ou une autre forme de pression?
    Ça devient le vrai bordel le monde scientifique. Surtout qu’il est connu que pour être publié certains n’hésitent pas à falsifier les chiffres.
    Donc, falsification ou pression? Quels sont les moyens de contrôle ?

    1. Bonjour Adline,

      Les raisons sous-jacentes peuvent être nombreuses : des fraudes scientifiques, associées à des pressions de certains groupes pour faire rétracter une étude. Tout cela est mélangé et peut faire sortir des études dérangeantes du système académique.

      Les moyens de contrôle ne sont pas exceptionnels. La recherche scientifique s’autorégule avec ses avantages et ses inconvénients. Ce n’est pas facile.

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