La maladie du foie gras se caractérise par une accumulation de graisse dans le foie. Un mal invisible et indolore qui peut faire très mal : fibrose hépatique, cirrhose, insuffisance rénale et cancer. Cette maladie qui peut toucher une personne sur trois dans les pays développés n’est absolument pas à prendre à la légère. Il faut apprendre à la diagnostiquer pour inverser le plus rapidement possible la tendance, avant que les dégâts ne soient, eux, irréversibles.
Sommaire
La maladie du foie gras que l’on appelle dans le milieu médical comme étant une stéatose hépatique non alcoolique est un mal silencieux, souvent asymptomatique, largement présent dans nos sociétés développées avec des conséquences extrêmement graves pour la santé.
Comme son nom l’indique, elle se caractérise par une infiltration de gras dans ses tissus, sans inflammation qui est caractéristique d’un état plus grave (stéatohépatite).
En Europe, au moins une personne sur quatre serait touchée par la maladie du foie gras. Les Américains ont le triste record de la prévalence de cette maladie, à cause bien sûr d’une alimentation terrible et d’une activité physique déclinante (mais pas uniquement), avec près d’une personne sur trois atteinte. On retrouve plus rarement cette maladie dans les pays sous-développés, comme en Afrique où une personne sur dix en serait atteinte. On retrouve dans certains pays des prévalences encore plus faibles, avec moins de 6 % de la population touchée.
Si la maladie du foie gras est réversible, son évolution vers des formes plus graves peut entraîner des dommages irréversibles (l’irréversibilité de cette maladie est discuté plus bas), gravissimes et mortels : une stéatohépatite, une fibrose hépatique (disparition progressive des cellules hépatiques), une insuffisance hépatique, une cirrhose et, plus rarement, des cancers (carcinome hépatocellulaire).
Mais même la maladie du foie gras, réversible, augmente significativement votre risque d’avoir des problèmes de santé, et notamment celui de mourir. La principale cause de mortalité chez les personnes atteintes de cette maladie est d’une maladie cardiovasculaire.
Si les décès liés à des problèmes du foie atteignent la 12ème place dans la population générale, ce sera la 2ème ou 3ème cause de décès chez les personnes avec une stéatose hépatique.
C’est le même constat pour la mortalité par cancer qui est au 3ème rang chez les personnes atteintes d’un foie gras. Cette maladie est considérée par le milieu médical comme la 3ème cause la plus commune de carcinome hépatocellulaire.
La fibrose est-elle vraiment irréversible ?
La question est importante puisque la recherche évolue assez rapidement dans ce domaine vers une redéfinition de ce caractère supposé “irréversible” des fibroses. Les scientifiques spécialisés dans le domaine parlent même d’un passage de la “fiction à la réalité” en ce qui concerne l’inversion de cet état.
Car si la fibrose a longtemps été jugée comme un stade définitif, le dépôt des fameuses cellules en ballon (de la matrice extracellulaire) pourrait être inversé. L’organisme peut sous certaines conditions recréer un tissu hépatique sain et fonctionnel.
La littérature scientifique nous rappelle que cette régénération est possible si 4 conditions sont réunies :
- L’arrêt de la cause principale des lésions et de la création de la fibrose
- La régression des myofibroblastes vers une forme désactivée ou bien leur élimination
- La dégradation de la matrice excessive
- L’arrêt de l’inflammation dans la zone touchée pour se diriger vers un milieu régénérant
Les myofibroblastes ont un rôle important dans la création de cette fibrose, avec des caractéristiques pro-inflammatoire. Mais ces observations de retour à la normale viennent quasi-exclusivement de la souris de laboratoire. Des cas documentés chez l’homme existent, mais dans des circonstances particulières, comme dans le cas de maladies auto-immunes.
Plusieurs traitements sont à l’essai pour tenter de créer un environnement favorable à la rémission du foie et la destruction de la fibrose pour la remplacer par du tissu sain. Mais la situation chez l’homme est loin d’être parfaitement claire, avec des mécanismes encore méconnus.
Résistance à l’insuline et inflammation
Selon les recherches scientifiques, la maladie du foie gras évoluera vers une plus grave stéatohépatite selon deux principales modalités :
- Le dépôt de gras dans les hépatocytes, les cellules spécialisées du foie, notamment à cause de la fameuse et terrible résistance à l’insuline, de l’obésité abdominale et d’une mauvaise régulation métabolique des acides gras ;
- Une augmentation significative du stress oxydatif dans les cellules hépatiques, avec notamment un dysfonctionnement des mitochondries (qui représentent des petites “centrales énergétiques”), entraînant une inflammation et une fibrose des tissus du foie. L’apport excessif en fer semble être privilégié, raison pour laquelle les hommes seraient plus touchés que les femmes.
Cet état inflammatoire chronique du foie va déclencher un travail de l’organisme colossal pour réduire l’inflammation au silence en remplaçant les hépatocytes par des cellules en forme de ballons.
Autrement dit, le foie disparaît progressivement, et c’est à ce moment-là que s’installe une fibrose hépatique. Cet état est irréversible, c’est pourquoi il est impératif d’inverser la situation avant l’aggravation de la situation.
Malheureusement, et assez fort logiquement, les personnes atteintes d’un diabète de type 2 (et âgées) ont plus de risque d’avoir un foie gras, tout comme les personnes atteintes de dyslipidémie et du syndrome métabolique.
Cette illustration vous montre des cellules du foie (hépatocytes) avec des cellules d’apparences blanches et vides en haut.
Ces cellules sont le résultat de l’inflammation chronique du tissu du foie avec le remplacement des hépatocytes, indispensable, par des “ballons” qui formeront une fibrose irréversible et qui augmentent dramatiquement le risque d’insuffisance hépatique, de cirrhose et de cancer hépatique.
Reconnaître un foie gras pendant qu’il est encore temps
La maladie du foie est majoritairement asymptomatique, ce qui rend l’auto-diagnostic délicat, toutefois, il y a des indicateurs solides qui permettent de la confondre.
Bien sûr, si vous avez la possibilité de faire une IRM médicale ou un scanner, une hépatomégalie ou un foie plus volumineux que la normale sera un signal très fort et solide d’une stéatose hépatique.
Un autre critère qui apparaît dans la littérature scientifique, c’est une douleur dans le quadrant supérieur droit. Cette zone correspond à la localisation du foie et doit vous alerter si la douleur persiste.
On peut aussi trouver un taux anormal de transaminases (des enzymes dont le dosage peut être révélateur de lésions au foie), ou de ferritine, mais ces paramètres ne sont pas les plus fiables pour garantir le bon diagnostic.
Bien sûr, si vous êtes en surpoids, avec une large bedaine, votre risque d’être atteint d’une stéatose hépatique est élevé. Il est primordial de réagir le plus rapidement possible, car nous n’avons pas vraiment de symptômes de mesures en laboratoire qui permettent de différentier la stéatose hépatique réversible, de la stéatohépatite qui entraîne des dommages irréversibles.
Comment retrouver un foie normal
Il n’y a ici aucun remède miracle ni perlimpinpin, il faut impérativement :
- perdre du poids dans le cadre d’un IMC anormal ;
- améliorer significativement son régime alimentaire ;
- augmenter son activité physique.
La perte de poids semble être la composante majeure pour inverser la maladie du foie gras. Une perte de 3 % peut suffire pour inverser la tendance, mais une fourchette entre 5 et 10 % peut être envisagée en fonction des personnes, et du poids initial.
Les études menées sur ce sujet nous montrent que cette perte de poids relativement “facile” à obtenir, en retirant 500 kcal de son apport total quotidien, avec bien sûr la pratique d’une activité physique d’au moins 30 minutes, 3 à 5 jours par semaine.
Sur l’alimentation, il faudra bien sûr s’orienter vers un régime type méditerranéen qui a démontré son rôle bénéfique dans la gestion du foie gras. Comme on ne le répète jamais assez, on augmente sa consommation de fruits, de légumes feuilles et racines, de légumineuses et on réduit celle de produits animaux, sodas et produits ultra-transformés.
Il n’y a pas véritablement de consensus scientifique sur l’alimentation qu’il faut adopter pour ralentir la progression du foie gras et l’inverser. Moins de calories, moins de gras, moins de sucre ou de cholestérol, on trouve des résultats concordants, peu importe les modifications.
La reprise d’une activité physique est primordiale. C’est une condition sine qua non pour inverser cette dangereuse situation, et il faut impérativement instaurer un rythme régulier au fil des semaines, des mois et des années.
Le vélo, le renforcement musculaire, la course à pied, les exercices à haute ou moyenne intensité ont tous montré leurs intérêts dans l’amélioration de cette pathologie.
Faire un nettoyage du foie
Vous pourriez être tenté de suivre une méthode naturelle et en vogue pour sauver l’avenir de votre foie (et de nombreux autres problèmes) en réalisant L‘incroyable nettoyage du foie et de la vésicule biliaire d’Andreas Moritz ou du Dr. Hulda Clark (quasi identique).
Si la méthode permet bien de perdre du poids, et donc d’atteindre l’objectif fixé dans les recommandations scientifiques pour lutter contre le foie gras, elle ne représente pas une alternative efficace à long terme ni ne bénéficie d’évidence scientifique sérieuse.
Cette méthode s’apparente plutôt à une supercherie intellectuelle et médicale, récemment dévoilée dans les colonnes de Dur à Avaler, après une enquête minutieuse, poussée et jamais réalisée en français sur ce sujet.
Pour prendre soin de votre foie, vous devez fort logiquement corriger les nombreux paramètres de votre vie quotidienne qui vous impacte négativement. Réduire votre consommation de sodas, de sucres raffinés, de produits industriels ultra-transformés, et augmenter votre activité physique.
Malheureusement, la difficulté de réaliser des changements dans son alimentation, mais aussi de se mettre plus régulièrement au sport, peut être très forte chez certaines personnes, et limiter ainsi les bénéfices. La volonté et la détermination seront déterminantes dans l’inversion de cette maladie.
Quoi qu’il en soit, les bénéfices que vous allez obtenir ne se feront pas uniquement sentir au niveau de votre foie, mais bien sur l’ensemble de votre organisme, de votre énergie globale, votre digestion, et bien d’autres choses.
La maladie du foie gras est réellement à prendre au sérieux.
6 commentaires
Quelques petites précisions.
– concernant la notion de réversibilité et de steatohepatite, l’inflammation n’est pas ce qui rend une lésion hépatique réversible ou non. Même chose pour la steatose. C’est le processus qui la provoque qui détermine principalement le caractère réversible ou non et secondairement la sévérité de l’étendue de la lésion.
– la steatose est un facteur favorisant de la survenue de tumeurs malignes hépatiques dont le carcinome (il en existe malheureusement d’autres) pas une cause directe de transformation maligne comme le sont certains virus hepatotropes.
– un foie peut « faire son job » tant qu’environ 30% de sa masse fonctionnelle est encore présente: n’attendez pas d’être malade pour prendre soin de votre santé
– sur la seconde illustration en histologie, la fibrose n’est pas vraiment présente, on la voit un peu mieux sur les 2 trichromes du dessus après le foie normal. Les cellules en ballon ne représentent pas la fibrose mais des hépatocytes chargés de graisse si bien que le cytoplasme est invisible. Ils ont l’air vides car le gras disparaît lors de la fixation et de la coloration des lames de microscope. La fibrose est une accumulation de collagène avec plus ou moins de fibroblastes. La seule chose visible sur ce cliché est une steatose avec des macrovacuoles ou des microvacuoles.
– J’ajoute pour appuyer le propos de l’article, qu’une perte de poids est utile si elle permet de perdre la graisse abdominale. L’imagerie abdominale dont vous parliez, notamment dans le cas des patients TOFI ( Thin Outside Fat Inside) autrement dit des personnes d’aspect mince avec un IMC normal et une surcharge en tissu adipeux abdominal, permet d’inciter à la prudence: l’imc n’est pas le Graal, et ce n’est pas parce que l’on mange n’importe quoi sans avoir l’air de grossir que l’on est en bonne santé. On peut perdre de la masse corporelle en mangeant peu et mal: en perdant beaucoup de muscle et peu de graisse par exemple.
Une activité physique et une alimentation équilibrée, comme le régime méditerranéen notamment, incluant une grande quantité de légumes, ne sont pas négociables, histoire d’enfoncer le clou. Maigre ne veut pas dire en bonne santé.
– concernant certaines arnaques scientifiques en vogue concernant le « nettoyage » la « detox » , il est fascinant de constater le nombre de régimes miracle detox vie éternelle élixir de jouvence qui prétendent vous rendre immortels en passant votre vie dans un canapé. Quand l’on interroge toutes les entreprises qui commercialisent des produits « detox » pour leur demander de quelles toxines ils parlent, dans quel organe inconnu ces dernières sont censées s’accumuler, d’où elles sont censées provenir, leur mode d’elimination, ces dernières sont bien muettes et pour cause: rappelons que la « detox » n’existe tout simplement pas. Le foie est malheureusement un organe livré à lui-même pour les processus de métabolisation des déchets métaboliques ou des xenobiotiques et que la seule chose à faire est de ne pas l’endommager. Aucun produit ne peut faire fonctionner mieux un organe qu’il ne le fait s’il n’a pas de lésion. Soit votre foie est en bon état et il n’y a pas d’aide à lui fournir soit il est endommagé et aucun produit miracle ne fera le boulot à sa place.
@Tom
“Le foie est malheureusement un organe livré à lui-même pour les processus de métabolisation des déchets métaboliques ou des xenobiotiques et que la seule chose à faire est de ne pas l’endommager. Aucun produit ne peut faire fonctionner mieux un organe qu’il ne le fait s’il n’a pas de lésion. Soit votre foie est en bon état et il n’y a pas d’aide à lui fournir soit il est endommagé et aucun produit miracle ne fera le boulot à sa place.”
Suite à une cytolyse hépatique liée à un médicament de merde -du Tahor-, on m’a fait arrêter le fautif et on m’a donné du “légalon” et on m’a présenté ça comme un médicament qui nettoie le foie et le protège.
Rebelote on me l’a redonné suite à un urticaire géant à un autre jouet pharmacologique, Lipanthyl.
Et enfin, j’y ai eu le droit une troisième fois suite à un choc hépatique à du Ixprim.
C’est de la poudre de perlimpinpin ?
@Wasabi
Bonjour,
Non, il ne s’agit pas de poudre de perlimpinpin mais d’un traitement de soutien de la fonction hépatique, prescrit dans un cadre précis: quand on assiste à une cytolyse sévère avec défaillance hépatique on peut effectivement administrer des molécules permettant d’activer la cholérèse, de limiter la formation de certains métabolites toxiques connus…bref on essaye de limiter les dommages mais pas au hasard. Il ne s’agit pas de lutter contre des toxiques imaginaires sur un patient en bonne santé mais de protéger un organe en lui permettant d’assurer ses fonctions au maximum en attendant qu’il se rétablisse.
En revanche quand un foie est endommagé de façon irréversible, il faut une greffe.
Rien ne peut remplacer un organe en bonne santé et la surcompensation n’existe pas: un rein fonctionne et on peut tenter au mieux de le préserver, mais on ne peut pas le « faire fonctionner » ou le « nettoyer », ou alors il existe une lésion, et il faut la traiter si possible, ou passer par une dialyse ou une greffe.
En médecine un traitement doit permettre de traiter une maladie, autrement dit une défaillance d’organe ou d’un système. Mais un médicament ne peut remplacer un organe, et ne peut pas le rendre « plus blanc que blanc » . On dit souvent avant de prescrire un traitement que « le mieux est l’ennemi du bien » et plus l’on exerce longtemps, plus on réalise à quel point cela peut être vrai.
Un antibiotique sans système immunitaire ne sert à rien.
Or ce que prétendent certains défenseurs de régimes et traitements miracle comme on en trouve depuis des siècles, c’est que tout individu apparemment en bonne santé est forcément malade et a besoin de tous leurs produits qui vont « purifier l’organisme ». Une autre niche commerciale qui s’appuie sur des théories pseudo scientifiques. Du charlatanisme en somme.
Bonjour,
chez nous pas de sodas ni de produits ultra-transformés, mais du bio des fruits et des légumes en grandes quantités. Pourtant, mon fils de 10 est grassouillet (IMC supérieur à la normale mais pas obèse), avec une petite bedaine. Se pourrait-il qu’il soit atteint de cette maladie ?
A part le fait qu’il n’aime pas beaucoup la viande et préfère les fruits et les glucides d’une façon générale, je ne vois pas trop d’où vient le problème.
@Nina
Bonjour
Si je puis me permettre, les normes telles que l’IMC sont à prendre pour ce qu’elles sont: des indicateurs, avec des intervalles de référence et des limites qui correspondent à des statistiques. Quelqu’un de très athlétique, donc assez musclé et plus dense est susceptible d’avoir un IMC plus élevé malgré une meilleure condition physique.
Le seul moyen de diagnostiquer une steatose est une biopsie. Donc dans l’absolu, nous pouvons tous souffrir d’une maladie sans avoir de symptômes comme c’est le cas pour la steatose hépatique quand elle est faible.
Mais si nous cédions à la panique, nous finirions par faire des dizaines d’examens médicaux plus invasifs les uns que les autres sans réelle justification. Si l’on passe son temps à chercher quelque chose d’anormal chez n’importe qui, on finit par trouver et tomber dans une logique de surdiagnostic.
En clair, inutile de s’inqqui être trop pour un problème qui ne se présente pas encore. Prévenir est une bonne chose mais mesurer le rapport bénéfice/risque est essentiel dans toute approche thérapeutique.
Si l’embonpoint de votre enfant vous préoccupe, il est parfaitement louable de vous soucier de la qualité de son alimentation mais cela ne fait pas tout malheureusement. D’autres facteurs doivent être pris en compte (stature, degré d’activité physique, apports caloriques quotidiens etc…), et cette démarche doit être réalisée par un professionnel de santé.
Plutôt que de vous laisser tourmenter par Dr Google, je ne saurais que trop vous conseiller de vous tourner vers son médecin traitant afin de faire un point sur la situation.
Cordialement
Aller voir votre diététicien..il vous donneras un régiment personnalisé.
Ditez aurevoir au Mr Google