Le British Medical Journal (BMJ) vient d’annoncer qu’il interdisait désormais de relayer les publicités pour les préparations infantiles durant les 3 premières années de vie1.
Une décision prise pour le BMJ, mais également deux autres journaux qui lui appartiennent : Gut, Frontline Gastroenterology, et Archives of Diseases in Childhood.
Cette décision met en lumière les sommes d’argent colossales qui étaient en jeu. Le BMJ recevait ainsi 300 000 € par an de la part des fabricants de laits infantiles.
Les raisons de ce changement de cap maintenu depuis plusieurs décennies ? Le BMJ invoque nécessairement le rôle délétère des publicités des laits infantiles sur l’allaitement maternel. Le déclin de l’allaitement maternel coïncide justement avec le début des campagnes agressives de cette industrie.
Mais le BMJ invoque d’autres raisons. S’ils ont décidé de ne plus recevoir d’argent de cette industrie, c’est bien qu’ils estiment qu’elle n’est pas éthique. Pourquoi ? Car les fabricants de formules infantiles industriels jouent sur la réglementation en vigueur, contournent les règles et éditent même leur propre code de bonne conduite.
En théorie, les fabricants sont interdits de faire la promotion des laits infantiles pour les nourrissons en deçà d’un an, mais ils y parviennent en réalisant des promotions pour des “formules de suite”, quasiment impossible à différentier des autres formules, pour des âges plus avancés.
L’agressivité des campagnes marketing des fabricants de lait infantile sape le travail de l’Organisation Mondiale de Santé, qui conseille fortement de réaliser un allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, et de continuer, si possible, au-delà de 2 ans.
Vous avez du mal à allaiter ou souhaitez recevoir des conseils de mères allaitantes ? Découvrez ici mon enquête et mon recueil de témoignages pour vous aider à franchir cette étape délicate, car bien souvent, d’autres personnes ont eu vos soucis avant.
Le BMJ prend tout de même le temps de préciser qu’il ne mène pas une campagne contre les fabricants de formules infantiles, qui auraient leurs intérêts pour les femmes incapables d’allaiter, et ceci pour diverses raisons, mais pour se mettre dans une position plus respectable.
Surtout, ils souhaitent que les parents qui décident de nourrir leurs enfants avec ces produits industriels fassent un choix non biaisé par les publicités.
On ne peut que saluer l’initiative du BMJ qui reste encore malheureusement seul dans le paysage scientifique.
Les formules infantiles à base de lait… une escroquerie ? Découvrez-en davantage dans cet article récemment mis à jour et qui donne des détails sur le rôle extrêmement positif de l’allaitement maternel et certains risques avec l’utilisation des biberons et des tétines.
Notes
1. https://www.bmj.com/content/364/bmj.l1200