En résumé, la réponse est non pour la vaste majorité des gens. La soif est un excellent indicateur pour commencer à boire. Il y a toutefois quelques cas particuliers.
La soif, ce phénomène biologique qui nous pousse à boire serait-il déjà le signe d’une déshydratation avancée ? Grande question.
En faisant vos propres recherches, vous allez systématiquement obtenir la même réponse : il faut boire avant d’avoir soif.
Si vous avez soif, c’est trop tard.
Quand bien même notre corps serait une machine bien huilée, avec des mécanismes extrêmement complexes rétrocommandés, nous devons faire un rétropédalage et anticiper la soif.
La solution est simple : boire régulièrement.
Et beaucoup.
Les autorités de santé américaines recommandent de boire 8 grands verres d’eau par jour. De nombreux médecins en France qui apparaissent à la télévision ou à la radio préviennent de boire un verre d’eau toutes les heures.
On entend même des choses incroyables à ce sujet à la radio. Si si, sur RTL par exemple, une médecin nutritionniste-endocrinologue nous avertit que les femmes sont d’avantages touchés par la déshydratation que les hommes (1).
Pourquoi ? Car si les hommes pensent à boire quand ils ont soif, les femmes elles pensent à faire la vaisselle ! J’aurais voulu l’avoir inventé, mais c’est véridique !
Mais trêve de plaisanterie.
Alors que la faim serait l’indicateur le plus pertinent pour commencer à manger (cela ne viendrait à l’idée de personne de recommander de manger avant d’avoir faim…), la soif serait un bien mauvais indicateur de l’état d’hydratation de notre corps.
Un deux poids deux mesures qui serait justifié par certains spécialistes, car on peut facilement tromper notre sensation de soif, comme la sensation de sommeil.
Autrement dit, on peut ignorer sciemment ou non sa soif.
La couleur des urines fait aussi référence : au plus vos urines sont foncées, au plus vous êtres déshydratés et devez absolument boire ! On va aller beaucoup plus loin que mon précédent article qui a déjà 10 ans !
Peut-on rajeunir de 10 ans avec 3 litres d’eau par jour ?
Peut-on rajeunir de 10 ans en buvant beaucoup d’eau tous les jours ? Certains affirment qu’en buvant 3L d’eau par jour, nous pouvons véritablement rajeunir. Quelle est la réalité derrière cette affirmation ?
La suite vous intéresse ?
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5 commentaires
il y a quelques temps j’ai acheté votre livre : ”Ce poison nommé croquette” que j’ai trouvé plus qu’intéressant.
En suivant vos conseils et le résultats de vos analyses j’ai fait un choix de croquettes en conséquence pour notre chien et qui s’en porte très bien et nous très rassurés. Merci, merci et encore merci.
Bonjour Carmen,
Ce n’est pas vraiment le sujet de l’article, mais merci de ce commentaire !
Très content pour votre toutou ! Au plaisir de vous lire.
Anecdote : il y a 5 ans, une amie très chère, âgée de 42 ans et “en pleine forme”, a fait un AVC. Transportée en urgence à un hôpital militaire à côté de son lieu de travail, grâce à l’intervention de sa chef de service car elle travaillait dans un EHPAD. Traitée en urgence, elle a survécu mais elle est maintenant handicapée à 100 % et, se sentant diminuée, a disparu des radars…
La première remarque que lui ont fait les soignants était (1) qu’elle était sous-hydratée et (2) que la majorité de leurs patients AVC étaient dans cette catégorie (voir article https://leti.lt/cs0n). Elle m’en a fait part, riant à demi car lors des repas que nous prenions en commun je lui faisais souvent la remarque sur l’importance d’être bien hydraté avant ou pendant la prise d’aliments (https://leti.lt/9bdc). Surtout avec une diète pauvre en glucides et donc riche en graisses car le foie consomme beaucoup d’eau. Je ne bois d’ailleurs que pendant les repas, sauf exception lors de sorties en période de canicule.
Cette personne n’avait jamais soif. Moi non plus, ni les personnes âgées de mon entourage, car le signal de soif s’atténue jusqu’à disparaître avec l’âge. L’étude de Kant et al. (2009 https://leti.lt/cjnh) sur la population nord-américaine indique que 63% des personnes de 65 à 74 ans sont insuffisamment hydratées, cette proportion s’élevant à 73% chez les 75–84 ans et 81% chez les plus de 85 ans. Ajoutons le fait que, chez les plus jeunes, beaucoup se sont habitués à ne consommer que des boissons industrielles ou sucrées. J’en connais qui fièrement déclarent ne jamais boire de l’eau — par contre, la bière, oui…
Par conséquent, j’estime imprudent le fait de déclarer qu’on peut simplement se fier à la sensation de soif, comme si ce signal était parfaitement réglé pour tous. Les besoins en eau sont très variables d’un individu à l’autre. Les néphrologues ont mis en évidence des métabolismes (et donc des besoins) différant fortement d’une personne à l’autre, et les marchands d’eau en bouteille essaient bien sûr de vendre leurs produits… Il n’y a donc pas de norme sur la quantité. Mais la sensation de soif est aussi peu fiable que la sensation de satiété : résistance à la leptine qui conduit à la prise de poids.
J’ai documenté cette réflexion dans un article : https://leti.lt/gkgd
Bonjour Bernard,
Merci de ton commentaire et je suis bien désolé pour ton amie et cette tragique expérience.
J’ai de mon côté l’anecdote strictement opposé, avec mon père : un long séjour à l’hôpital avec perte de connaissance et perte de mémoire en lien (avec plein de choses) mais aussi une surhydratation ayant entraîné une hyponatrémie. Cela aurait pu être plus grave, mais tout va bien aujourd’hui :)
Au-delà des anecdotes personnelles, je précise bien dans mon article que les personnes âgées sont plus à risque de déshydratation justement à cause du dérèglement des mécanismes de la soif. Je précise que la soif est efficace dans la majorité des cas, mais pas pour tout le monde.
Ensuite, je dois dire que je ne suis pas vraiment convaincu par l’étude de 2015 de l’AHA. En fait, ce n’est pas une étude mais juste un récit fait dans un conférence. Avec peu de patient et où l’on ignore les tests statistiques et la batterie d’analyses faites. C’est un point rédhibitoire selon moi.
Car en cherchant, on trouve plusieurs études sur ce sujet qui n’arrivent pas à conclure. Même une étude Cochrane (https://tinyl.io/6JjI) qui conclue ainsi :
“We found no evidence to guide the best volume, duration, or mode of parenteral fluid delivery for people with acute stroke.”
Une autre étude spécialement à ce sujet ne parvient pas à faire la moindre recommandation pratique clinique, mais juste des recommandations pour les évaluations cliniques afin d’avoir des réponses sur ce sujet (https://tinyl.io/6JjK).
Autrement dit, ce lien est pour l’instant très hypothétique. Cela ne pourrait avoir aucun lien de cause à effet… on ne sait pas vraiment. Il y a peut-être d’autres paramètres qui rentrent en jeu, et c’est toute la difficulté de les estimer avec ce type de retour rétrospectif sans analyse ni publication officielle.
On manque en réalité de travaux sérieux pour évaluer clairement ce risque. Il y a des problèmes de définition du terme “déshydratation”, de mesure, de diversité des patients étudiés et dans l’étude des liens mécanistiques.
Après, je suis parfaitement d’accord pour dire et redire que les personnes doivent être plus vigilantes !
A te lire
La surhydratation est certainement dangereuse, les entraîneurs sportifs le signalent et conseillent, entre autres, d’ajouter des électrolytes à l’eau de boisson. Ce qui apparaît évident, c’est que “trop” et “trop peu” sont également dangereux.
Le lien de causalité entre sous-hydratation et risque d’AVC n’a pas été établi. C’est seulement (des) soignants qui observent une corrélation. On ne peut pas envisager une étude clinique interventionnelle qui prouverait ce lien ! Il est possible que d’autres causes (le stress ?) aient à la fois provoqué une hydratation insuffisante et l’AVC, ce qui expliquerait la corrélation observée. En tout cas ça a été un choc pour mon amie quand elle s’est souvenu des repas où elle me voyait boire alors qu’elle continuait à croire “qu’il ne faut pas boire en mangeant” — tout dépend de ce qu’on mange…