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Un jeune chercheur vient de publier une étude provocante dans laquelle il montre comment 2 semaines de supplémentation avec des Oréos ont fait baisser son mauvais cholestérol deux fois plus qu’une statine.

© Ferdiansyah | Unsplash

La nouvelle statine

Il y a des études barbantes dont personne n’entendra jamais parler, et puis il y a les autres. Celles qui font le buzz, qui déchaînent les critiques et les titres de presse.

C’est un peu comme notre étude sur les jumeaux végétaliens qui a fait beaucoup de bruit… pour pas grand-chose.

Cette fois-ci, c’est une histoire d’Oréo (oui, oui, les gâteaux), de statine et de mauvais cholestérol.

Deux scientifiques ont réussi à faire publier une étude qui montre qu’un régime à base des célèbres gâteaux industriels Oréo a permis de réduire deux fois plus le « mauvais » cholestérol (LDL) qu’une statine de référence !

12 Oréos par jour, pendant 2 semaines, ont été deux fois plus efficaces que 6 semaines de thérapie sous la célèbre rosuvastatine de 20 mg par jour.

Les résultats ont immédiatement fait le buzz sur les réseaux sociaux américains (bientôt une série Netflix?) avec de quoi faire bondir tous les cardiologues.

Des professionnels de santé qui recommandent les statines pour faire baisser le mauvais cholestérol et protéger le cœur d’une accumulation fatale des mauvaises graisses responsables d’infarctus. Mais la réalité des statines est beaucoup plus complexe, avec une efficacité très discutable, et cette étude l’est encore plus !

L’unique hyper-répondant

Nicholas Norwitz est le premier auteur de cette étude… mais aussi le seul et unique participant ! Oui, cette étude sur les Oréo versus les statines s’appuie sur la seule et unique performance d’un jeune scientifique très actif sur les réseaux sociaux.

Mais Nicholas Norwitz n’est pas n’importe qui. C’est un fervent défenseur et pratiquant du régime cétogène ! Le fameux régime où l’on fait la part belle aux graisses pour réduire au maximum les glucides.

Un régime plébiscité dans un premier temps pour lutter contre les crises d’ épilepsie, puis qui s’est rapidement diffusé dans certains courants de nutrition et de musculation pour ses effets sur la santé. Il est notamment très discuté pour ses effets contre le cancer (mais aussi pro-cancer selon certains !)

Si l’étudiant en médecine de la prestigieuse école de Harvard n’est pas n’importe qui (il est déjà diplômé d’un doctorat de l’université d’Oxford), c’est aussi valable sur le plan physiologique. Et vous allez le voir, c’est là tout le « truc » de cette étude.

On pourrait presque parler de supercherie.

Nicholas Norwitz est ce qu’on appelle dans le jargon un « hyper-répondant avec masse maigre ». Vous n’avez rien compris, et c’est bien normal. C’est en fait une catégorie très précise de personnes que l’on définit comme ayant des paramètres bien précis.

Autrement dit, cette personne posséderait un LDL cholestérol presque fatal selon certains cardiologues, mais avec un HDL excellent et un taux de TG très bas, ce qui est aussi une excellente chose.

Sauf que chez cette catégorie très particulière d’individus, qui se trouvent être sous régime cétogène, l’ingestion de glucides (peu importe la forme, d’où la provocation avec les Oréo ultra-transformés) permet de réduire drastiquement cette concentration de LDL.

Les preuves par l’absurde

Dans la réalité, Nicholas Norwitz a voulu faire une démonstration par l’absurde, comparant des Oréo avec des statines dans un contexte bien particulier.

Celui du régime cétogène pauvre en glucides. Ce régime n’est pas forcément bien vu par une frange de la communauté médicale puisqu’il fait augmenter la part de graisse animale saturée accusée d’être responsable de maladies cardiovasculaires via l’augmentation du LDL.

Mais dans l’étude de son propre cas, il « prouve » que le LDL chute drastiquement malgré l’apport en graisses saturées par les cookies (environ 8 g pour 12 gâteaux).

C’est un pied de nez à la théorie toute puissante selon laquelle le LDL règne en maître sur les facteurs de risques cardiovasculaires. Une vision pourtant mise à mal par plusieurs études, avec Nicholas Norwitz toujours à la manœuvre, dans une récente méta-analyse.

J’attire votre attention sur l’intérêt des méta-analyses. Non, elles ne sont pas le “Graal” de la recherche et de la preuve scientifique. Cela dépend de nombreux paramètres, qui peuvent amener à de gros problèmes.

Une étude où ils essayent de démontrer que les adeptes d’un régime low carb avec un IMC normal voient une augmentation « normale » du LDL avec une amélioration des autres paramètres lipidiques (TG et HDL en particulier).

Une variation indépendante de la consommation de graisses saturées. Je parlais dans mon livre “Santé, mensonges et toujours propagande” comment les graisses saturées ont été un peu vite incriminées, et pourquoi nous devrions aussi nous intéresser à d’autres marqueurs lipidiques.

Une méta-analyse de la célèbre collaboration Cochrane avait déjà dans la passé mis les pieds dans le plat sur cette question.

Car l’objectif de l’article n’était pas d’envoyer une charge contre les statines, mais plutôt de défendre les effets métaboliques d’une diète cétogène sur les lipides sanguins. Faire connaître cette particularité.

Une particularité, car de l’aveu même de l’auteur, ils n’ont retrouvé que 3 personnes sur une base de données américaines avec plus de 70 000 personnes pouvant se targuer d’être des hyper-répondants.

Sauf que cette base de données ne se concentre pas sur les personnes suivant un régime cétogène… puisque cette proportion grimpe à 18 % dans un groupe de plus de 540 personnes sous ce régime bien spécifique.

L’épineuse question

L’objectif avoué de l’étude provocatrice de Nicholas Norwitz est de dire :

« Hey ! Regardez par ici ! Il y a des gens qui ont une alimentation alternative peu reconnue. Ils sont en bonne santé, avec des facteurs métaboliques favorables (HDL élevé et TG bas), mais un taux de LDL élevé ! Est-ce que cela signifie qu’ils sont en mauvaise santé ? Qu’ils sont à risque de maladies cardiovasculaires ? Il faut faire d’autres études sur cette catégorie de gens ! »

Cette étude pose aussi le dilemme de comment peut-on interpréter l’amélioration d’un marqueur du risque cardiovasculaire en consommant des gâteaux ultra-transformés qui dégradent cette santé cardiovasculaire ?

Pour conclure, cette étude risque de faire parler beaucoup d’elle… pour pas grand-chose. Mais elle s’insère dans une bataille scientifique entre les défenseurs du régime cétogène “low carb high fat” et ceux du régime plus traditionnel “high carb low fat” (riche en glucides et pauvres en graisses).

On reste en contact ?

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