Un nouvel essai clinique renforce l’idée que la perte de poids est un levier important pour contrer la maladie du foie gras. Une restriction calorique deux jours par semaine ou bien une alimentation pauvre en glucides apportent des bénéfices proches.
Le foie gras, version humaine !
Elle est invisible, silencieuse et pourtant redoutable, la stéatose hépatique non alcoolique de son nom barbare se retrouve chez 25 % des Européens.
Elle gagne à être connue, tant par son importante prévalence que ses lourdes conséquences possibles sur la santé. Car une stéatohépatite caractérisée par des infiltrations de gras dans les tissus du foie peut évoluer vers des formes plus graves.
- Fibrose hépatique
- Insuffisance hépatique
- Cirrhose (non alcoolique)
- Cancer hépatique
La maladie du foie gras n’est généralement jamais seule. On l’associe fréquemment à du surpoids et de l’obésité, un diabète de type 2 ou encore le syndrome métabolique.
Et Dieu sait que le foie est vital pour le fonctionnement normal de notre organisme et notre survie. Il faut donc en prendre en soin. Rapidement. Car la maladie du foie gras progresse silencieusement avec des symptômes peu évocateurs d’un problème santé.
Une petite douleur vers le foie… Un léger surpoids avec une petite bedaine à bière et trop de transaminases peuvent indiquer que vous avez un foie engorgé.
Les solutions n’ont rien de miraculeux :
- Perdre du poids si vous êtes en excès
- Mieux manger
- Pratiquer ou augmenter son activité physique
Et pourquoi pas la restriction calorique et l’éviction des glucides réputés terriblement efficaces pour engraisser les canards d’élevage ?
C’est justement ce que l’on va découvrir avec une nouvelle étude clinique randomisée sur ce sujet (1).
La restriction calorique et du gras contre la stéatohépatite
Et si réduire vos apports alimentaires deux jours par semaine était suffisant pour inverser le cours de votre maladie du foie gras ?
Et si vous priver de glucides pendant en faisant la part belle aux matières grasses pouvait, étrangement, vous aider à combattre cette maladie ?
C’est en substance ce que raconte une équipe suédoise qui a réalisé une étude clinique chez l’homme très intéressante.
Une étude où l’on a mesuré l’effet de trois traitements différents sur l’évolution de la maladie et les marqueurs principaux pour suivre son évolution (des images obtenues par résonnance magnétique notamment) :
- Les soins standards apportés par un hépatologue, le spécialiste du foie. Globalement, c’est de manger mieux et de réduire les sucreries et autres grignotages, de réduire les apports en graisses saturées et d’augmenter les insaturées, en plus de manger trois repas par jour, sans se gaver.
- Le régime 5:2. Une restriction calorique où pendant deux jours (consécutif ou non) vous n’allez manger que 500 kcal. Le reste du temps, les participants devaient suivre la pyramide alimentaire suédoise (que j’imagine très moyenne si elle est classique).
- Le régime faible en glucides. Comme son nom l’indique, on se rapproche d’une alimentation cétogénique avec pas plus de 10 % de l’énergie sous forme de glucides. Des conseils spécifiques ont été donnés pour avoir entre 50 et 80 % de son énergie sous forme de gras. Le sucre, le pain, les pâtes, le riz, les fruits et les patates devaient être évités.
Voici la fiche technique résumée de l’étude !
- Nombre de participants : 74
- Nombre de groupe : 3 (soin standard vs. Jeûne 5:2 vs. Régime pauvre en glucides)
- Caractéristique de l’étude : randomisé contre soin standard sans aveugle
- Durée de l’étude : 12 semaines
Avant d’attaquer les résultats, quelques faiblesses.
L’étude n’a pas été conduite en aveugle. C’est problématique, mais compréhensible vu la situation. C’est difficile de cacher aux participants ce qu’ils vont manger à moins de passer par des pâtes mixées un peu infâmes et qui devraient être comparables en goût et texture.
Toutefois, les investigateurs auraient pu être « aveuglés » en rajoutant des intermédiaires et éviter ainsi un biais supplémentaire dans les analyses. Car l’absence d’aveugle aura tendance à améliorer l’efficacité du traitement, à tort.
Concernant la randomisation, là aussi je tique un peu à la lecture des tableaux. Car il y a randomisation et randomisation. Cette répartition aléatoire des participants assure en théorie d’avoir des groupes comparables.
Il y avait autrement plus de femmes dans le groupe contrôle (71%) que dans les autres groupes (48%). Le pourcentage de graisse dans le foie obtenu par imagerie aussi, créant un déséquilibre léger, mais certain entre les groupes.
C’est en connaissance de cause de ces limitations que l’on pourra mieux jauger la portée des résultats.
Car ils sont assez bons, je dois dire. Globalement, tous les paramètres s’améliorent chez tout le monde, groupe contrôle compris. Autrement dit, même les conseils de l’hépatologue portent leur fruit, mais beaucoup moins bien que les deux autres interventions.
Pour la perte de poids :
- Soin standard : -2.6 kg
- Restriction calorique : -7.4 kg
- Régime pauvre en glucides : – 7.7 kg
Pour l’ensemble des autres mesures, on remarque que les améliorations les plus intéressantes et les plus prononcées se retrouvent dans le groupe sous restriction calorique hebdomadaire.
On remarque que malgré des apports énergétiques forts en graisses, le foie s’est paradoxalement « vidé » (c’est un peu fort mais vous voyez l’idée) de ses graisses via les analyses par résonnance magnétique. Idem pour la restriction calorique, dont l’importance du changement est identique entre les deux.
Nettoyage du foie et de la vésicule biliaire : les méthodes, les ingrédients et les miracles
La cure du foie et de la vésicule biliaire promet de vous libérer de pratiquement tous vos problèmes de santé : eczéma, allergie, diabète, cancers, digestion difficile, vue qui baisse, cholestérol élevé, etc., etc. La méthode est simple : se purger à l’aide de sulfate de magnésium tout en avalant une mixture faite d’huile d’olive et de jus de pamplemousse pour libérer les canaux hépatiques, la vésicule biliaire et le foie de tous les calculs qui l’encombrent. Ces calculs seraient présents chez tout le monde, et nous rendraient tous malades.
Perdre du poids, une garantie d’efficacité
Ce qui frappe dans cette étude, ce sont les effets des alimentations sur la perte de poids. 7 kg perdus en moyenne dans les groupes avec intervention. Ce n’est pas rien, et c’est probablement cela qui va orienter le plus l’organisme vers la guérison.
Cela, nous le savions déjà quand bien même le jeûne peut apporter des bénéfices sans même entraîner une perte de poids. Mais c’est important de le rappeler. Nous avons donc ici la démonstration qu’il y a plusieurs outils à notre disposition pour perdre du poids et changer la direction de la maladie du foie gras.
Ce que l’étude ne montre pas, et c’est dommage, c’est l’effet d’une alimentation riche en glucides et pauvre en graisses sur l’évolution du poids et des marqueurs de la maladie du foie gras.
Car plus tôt sur Dur à Avaler, je vous ai présenté les résultats d’un essai clinique de très bonne facture qui montrait justement l’effet plus important et bénéfique d’une alimentation riche en glucides sur le poids, contrairement à plus de gras.
Il aurait donc été intéressant d’avoir ce fameux 4ème groupe suivant une telle alimentation. Mais il est difficile de réunir autant de participants et de les suivre sur la durée. Il faut de l’argent et des moyens.
L’étude n’aura duré que 12 semaines, ce qui est relativement peu. Les résultats doivent donc être confirmés sur de plus longue période de temps.
Ceci étant dit, la restriction calorique sur deux jours a semble-t-il été la mieux suivi, ce qui renforce d’autant plus l’idée de suivre ce schéma pour rester en santé, ou la retrouver. Voilà une bien belle petite étude qui apporte des éléments tangibles et concrets pour la prise en charge hygiénodiététique de cette maladie.