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Harvard publie une nouvelle étude qui renforce l’idée que la viande rouge est mauvaise pour la santé. Une étude dans la lignée des précédentes, avec toutes les faiblesses et les difficultés d’interprétation qu’elles possèdent. Voici un retour dépassionné critique et scientifique sur cette nouvelle étude, qui au bout du compte, semble dédouaner la viande rouge non transformée.

Une nouvelle étude incrimine la viande

Harvard vient à nouveau de frapper avec une étude à charge contre la viande rouge1.

Si on s’en tient à la conclusion des auteurs, la viande rouge est encore une fois associée à une mortalité accrue. Ils conseillent de remplacer la viande rouge par des alternatives, animales ou végétales plus saines, comme le poisson, les légumes, les légumineuses ou encore des noix.

La conclusion de cette étude tient en une phrase :

“L’augmentation de la consommation de viande rouge, en particulier de viande transformée, [est] associée à des taux de mortalité globaux plus élevés.”

Une étude sérieuse menée par une équipe indépendante qui risque de déclencher une vague d’articles de presse et des Unes simplistes à charge contre la viande. Nous allons voir déferler des titres comme :

“Manger de la viande tue” ou encore “La consommation de viande augmente le risque de mourir”, et pourquoi pas : “Remplacer la viande rouge par [insérez un aliment plus sain] réduit le risque de mourir”.

Les journalistes des rédactions s’en tiendront à la conclusion de l’étude qui tient en une phrase, et peut-être au communiqué de presse si les auteurs ont en fait un.

Les journalistes n’auront ni le temps ni l’envie de comprendre cette étude dans son ensemble ni dans ses moindres détails.

La course à la publication n’arrange rien, et cela ne permet pas aux lecteurs de se forger un avis critique sur une information loyale.

Cette étude doit pourtant être décortiquée pour être parfaitement comprise. Pour la comprendre, il faut connaître ses forces, ses faiblesses, les quelques modalités qui lui ont permis d’être publié et surtout les conséquences de ces différents résultats.

Car les auteurs de ce type d’étude réalisent des dizaines d’analyses différentes, faisant varier les modèles en rajoutant ou en enlevant des paramètres pour tester la force (le risque augmente peu ou beaucoup?) et la direction (le risque augmente ou diminue ?) des associations.

Cette analyse est intéressante pour toutes les personnes qui souhaitent en savoir plus sur la conduite d’une étude scientifique, ses limites et son interprétation.

Elle aura un sens pour améliorer notre regard sur la consommation de produits animaux et sur l’impact que l’on peut estimer de ces produits sur notre santé.

Des résultats dans la lignée des précédentes

Nous sommes habitués de voir ce genre d’études et de résultats faire leur apparition. Depuis de nombreuses années maintenant, plusieurs études prospectives ont établi des associations négatives entre la consommation de viande et la mortalité par maladie cardiovasculaire ou la mortalité générale.

Récemment, le CIRC classait la viande rouge comme cancérigène probable pour l’homme et la charcuterie comme cancérogène certains.

Les études de ce type sont souvent menées par l’équipe de l’école de santé publique de Harvard, un gage d’indépendance et de qualité dans la production de savoir scientifique. Mais cela n’en fait pas de facto des études à prendre pour argent comptant.

Ces études, dites prospectives, proposent de suivre de larges groupes de participants, des dizaines de milliers, et de mesurer le plus de paramètres possible (activité physique, tabagisme, consommation d’alcool, de viande, de lait, éducation, etc.) pour extraire ensuite des associations.

Ces études produisent des associations. C’est la première critique que vous entendrez régulièrement concernant ces travaux scientifiques puisqu’elles ne permettent pas d’établir de lien direct de cause à effet.

Autrement dit, elles restent des espèces de radars pour détecter toutes sortes de signaux, aussi faible soit-il, pour ensuite mener des investigations plus poussées qui permettront de tirer au clair si une relation de cause à effet existe. Les essais cliniques randomisés permettront par la suite d’obtenir de vérifier si un lien de cause à effet existe.

Bien sûr, l’histoire de la médecine nous a appris que nous n’avions parfois pas besoin de réaliser des essais cliniques pour vérifier une association. L’exemple le plus courant et connu est celui du tabagisme et du cancer des poumons.

Il n’aurait pas été éthique de créer des groupes fumeurs et non-fumeurs alors que nous avions un cortège de preuves scientifiques, des mécanismes crédibles et des signaux très forts qui indiquaient un lien entre tabagisme et cancer.

Malheureusement la science de la nutrition est aujourd’hui en quelque sorte emprisonnée dans la réalisation de ces études prospectives, plus simples et moins coûteuses à réaliser, mais qui souffriront ad eternam des limites imposées par leur nature.

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