Le temps de la recherche et de l’évaluation clinique est long. Certains scientifiques ou laboratoires sont tentés de bousculer d’importantes étapes pour vanter les mérites d’un futur traitement, en l’absence du moindre élément l’attestant.
La science, les médias et l’ordre des choses
La pandémie de Covid-19 a été l’occasion d’assister à un bouleversement de nos vies, de nos habitudes, mais aussi d’une certaine rigueur dans la communication de résultats scientifiques.
Mise à part la propagation classique de rumeurs, l’ordre des choses en biomédicale, en théorie, implique qu’une équipe de recherche conduise une étude clinique, qu’elle publie ses résultats dans un journal scientifique, et qu’à terme ces résultats soient analysés et décryptés par les autorités de santé, pour modifier ou non les pratiques cliniques.
Dans cet ordre des choses volontairement simplifié, les médias n’ont pas vraiment leur place. Car les professionnels de santé, j’ose le croire, n’adaptent pas leur pratique clinique avec les titres de presse.
La communication des résultats scientifiques par les chaînes mainstream (BFM, Cnews, LCI…) ou non d’ailleurs (TVL, France Soir, RT France…) est mené par des journalistes non formés à la lecture critique d’articles scientifiques.
Ce travail d’analyse nécessite des connaissances sur le monde scientifique, de l’univers des publications et des journaux, aux analyses statistiques de référence, jusqu’à l’analyse et la compréhension des consensus scientifiques, des analyses globales ou méta-études (lisez notre article sur les problèmes avec les méta-analyses)…
En bref, c’est compliqué, et nombre de journalistes se heurtent à la première des barrières : trouver les études du moment. Les lire au-delà du résumé avec un œil critique est une caractéristique trop rare des organes de presse.
Cette triste réalité est quelque peu tempérée par l’apparition de personnalités scientifiques ou des experts aux analyses et compétences discutées et discutables qui tentent d’éclairer les citoyens qui écoutent pour se forger un avis.
Malheureusement, et ce phénomène n’est pas nouveau avec la pandémie que nous vivons, l’ordre des choses en médecine est malmené par une place prépondérante des médias, des communiqués de presse et de la communication dans le processus de recherche clinique.
On assiste à des scènes surréalistes où la communication médiatique, sensationnelle et tronquée, l’emporte sur une communication médicale et scientifique, qui doit être minutieuse et bien calibrée.
Des équipes médicales se lancent dans l’évaluation d’un médicament X ou Y, dans leur coin, et décident de partager à grand coup d’emphases des résultats préliminaires spectaculaires avant même d’avoir terminé et publié leurs travaux.
Nous avons tous assisté à cet inversement tendancieux de l’ordre des choses avec l’hydroxychloroquine, les vaccins mais aussi la colchicine (et l’azithromycine…).
Des chercheurs ou des laboratoires en mal de reconnaissance ou de bénéfices utilisent toutes les stratégies de communication pour vanter leurs travaux, avec populisme et légèreté, alors que nous n’avions jamais eu autant besoin de prudence et de rigueur dans l’évaluation thérapeutique et le partage des résultats.
On va revenir sur plusieurs cas emblématiques de la crise de Covid-19, avec l’hydroxychloroquine, la colchicine et les vaccins.
Hydroxychloroquine, vaccins et colchicine…
Fin de partie pour la Covid-19 avec l’hydroxychloroquine ?
La chloroquine et l’hydroxychloroquine sont les dignes et tristes représentants de cette inversion de l’ordre des choses.
Devant des premières études in vitro préliminaires, qui ne peuvent en aucune manière prévaloir de l’efficacité réelle chez l’homme de la molécule, certaines personnalités scientifique et politique ont crié victoire contre la Covid-19.
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