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Les fameuses expériences de Milgram il y a 60 ans ont posé les bases de l’obéissance à l’autorité. Nous serions tous plus ou moins capables de faire du mal à autrui sous prétexte qu’une autorité supérieure nous le demande, et que notre responsabilité disparaisse. Pourtant, la controverse sur la pertinence et l’interprétation des travaux de Stanley Milgram n’aura jamais été aussi forte.

© Freepik

Électrocuter sans broncher

Ils ont été recrutés grâce à des annonces dans le journal pour participer à une expérience sociale intrigante et inédite. Les participants devaient endosser le rôle d’un enseignant tortionnaire qui électrocute un inconnu quand il ne répond pas correctement aux questions posées.

Mais ce martyr est un comédien. Il fait partie d’un plan machiavélique de Stanley Milgram pour piéger les participants et rendre l’expérience réalisable.

L’expérience du psychologue Milgram dans son laboratoire américain démontre l’incroyable facilité que nous avons pour faire souffrir d’autres humains quand une figure d’autorité nous invite à le faire.

Près des deux tiers des participants de l’étude ont atteint le seuil ultime des 450 volts alors que le comédien prétend souffrir le martyre et feint même la mort.

La preuve est faite que nous sommes en grande partie capables du pire, sous couvert d’une déresponsabilisation hiérarchique. On obéit dans la majorité des cas, quand bien même les conséquences seraient désastreuses.

Stanley Milgram voit dans son expérimentation aux limites de l’éthique une explication parfaite de l’holocauste de la seconde mondiale.

Comment des soldats ont-ils pu faire aussi facilement et massivement des exterminations barbares d’autres êtres humains ?

Le psychologue américain réalisa ses premières expériences d’électrochocs au début des années 60, avec des conséquences mondiales dont on ose imaginer encore la portée.

Le phénomène Milgram

Tout le monde ou presque a déjà entendu parler de ce nom et sait à peu près de quoi il s’agit. Tout le monde ou presque assimile les travaux de Milgram à la soumission à l’autorité.

Stanley Milgram est devenue une rockstar scientifique et médiatique.

L’expérience est reprise partout ad nauseam. On en fait des spectacles. Des émissions de téléréalité. On reproduit en partie l’expérience pour obtenir des résultats similaires dans des simulacres de divertissement.

L’art de l’électrocution démontré par Milgram est adapté au cinéma ou fait l’objet d’une chanson.

Mais les psychologues s’en emparent aussi.

« L’expérience de Milgram » est devenue une fondation de la psychologie sociale.

Tous les ouvrages de psychologie mentionnent les travaux de Milgram. Les étudiants sont initiés à ces expériences inédites d’obéissance aveugle, peu importe les conséquences pour la vie d’autrui.

On parle d’ailleurs de la « science du mal » puisqu’elle montre au grand jour la facette la plus obscure de nos personnalités.

Rares sont les scientifiques qui osent questionner la validité des expériences du prodige américain. La démonstration de Milgram est gravée dans le marbre du monde scientifique.

Ces expériences ont eu un écho retentissant avec la pandémie de Covid-19. Le monde entier a obéi aux ordres gouvernementaux de s’enfermer chez soi, de porter des masques et parfois de s’injecter un nouveau vaccin.

Ce comportement passif obéissant n’est que l’expression la plus singulière des travaux de Milgram, d’après certains.

Et pourtant.

60 ans après les premières électrocutions factices, des enquêtes dans les archives du psychologue américain ainsi que l’audition de nombreux participants à l’étude tirent le voile d’une science spectacle qui flirte avec l’expérimentation sauvage.

Cet article vise à faire connaître les dessous de cette expérience inédite. Je ne suis pas psychologue, des notions fondamentales peuvent m’échapper, mais c’est un cas d’école d’esprit critique que n’importe qui peut – et doit – réaliser dans un sujet qu’il ne maîtrise pas forcément.

Les dessous d’une science spectacle

Les chercheurs du monde entier ne sont pas restés les bras croisés depuis la parution de l’expérience de Milgram. C’est le propre de la science : on doit la reproduire.

Et c’est justement un critère de qualité et fiabilité quand des résultats sont reproduits ailleurs dans le monde. Je parlais précisément de ce problème dans les études où l’on pouvait détruire des cellules cancéreuses avec l’énergie vitale, le Chi.

C’est la même chose avec l’homéopathie, un autre sujet où les études positives sont rarement reproduites avec succès.

Luc Montagnier était également au cœur d’une polémique de reproductibilité puisqu’il a été le seul à pouvoir « téléporter » de l’ADN via des ondes sonores. Sans reproduction indépendante, ce résultat est à prendre avec de grosses pincettes.

Les résultats en question

Les réplications de l’expérience d’électrocution factice laissent entrevoir un premier paradoxe : les chiffres avancés par Milgram ne sont pas nécessairement faux.

Quoi ? Je m’explique.

On retrouve globalement les mêmes taux de désistement des participants quand on leur demande d’électrocuter un inconnu avec un voltage croissant. On exclut ainsi une pure fraude sur les résultats obtenus par Milgram.

C’est déjà bon signe.

Mais alors, pourquoi critiquer les travaux de Milgram ? Où le diable se cache-t-il ? Il se cache surtout dans la manière dont l’étude a été réalisée et les conclusions qu’il a ensuite formulées.

Des conclusions qui sont d’ailleurs arrivées des années plus tard. Car si les chiffres ne sont pas nécessairement faux (ils ont été toutefois tempérés par d’autres travaux), les explications sont hasardeuses.

Une méthode peu rigoureuse

Le nerf de la guerre est en réalité dans la méthode. Car Milgram n’était pas un expérimentateur passif avec une procédure rigoureusement contrôlée.

Les analyses des archives et des interviews des participants montrent qu’il a été proactif pour faire en sorte que les participants atteignent les plus hauts voltages.

Une sorte de prophétie auto-réalisatrice.

Il y avait de nombreux échanges entre les participants et Stanley Milgram. Pourtant, dans une expérience scientifique de qualité, et surtout sociale, les échanges doivent être calibrés, presque millimétrés.

Les phrases doivent être identiques d’un cas à l’autre. Sinon la comparaison perd son sens. Et bien comparer et un art délicat en science.

Au-delà de cette liberté dans la conduite de son expérience, on réalise que bon nombre de participants savaient qu’ils étaient en face d’un comédien. La supercherie n’a pas systématiquement fonctionné.

Certains participants ont même pu se lever pour aller vérifier l’état de l’élève électrocuté, au mépris des règles imposé par Stanley Milgram.

Ces observations ont été à la base des doutes sur les conclusions des expériences de Milgram.

Autorité ou coopération ?

Le principal problème des expériences de Milgram réside dans sa conclusion, avec la soumission à l’autorité.

Mais la réalité est différente, si ce n’est presque aux antipodes. Les nombreux échanges que Milgram a pu avoir avec ses cobayes montrent l’imposant sentiment de coopération et collaboration plutôt que d’obéissance.

Les participants agissaient de leur plein gré, souhaitant surtout faire avancer la science et la recherche.

Le simple fait d’être dans un laboratoire, face à un chercheur, va changer la dynamique des participants.

Car les reproductions de l’expérience de Milgram avec des phrases rigoureusement contrôlées montrent que les participants abandonnent plus facilement les sessions d’électrocution quand… c’est un ordre plutôt qu’une sollicitions de coopération.

Autrement dit : on observe tout l’inverse des conclusions de Milgram.

Imposer un comportement déviant va créer davantage de résistance plutôt que l’incitation à participer à une plus vaste mission d’intérêt général.

Solliciter la coopération semble plus efficace pour obtenir quelque chose d’un individu.

Et c’est en fait l’explication la plus plausible pour l’holocauste d’après de nombreux scientifiques. Les auteurs de crimes de guerre et de barbaries – même les bureaucrates éloignés du champ de bataille – avaient un profond sentiment de faire un travail nécessaire, louable sans avoir besoin d’ordre précis.

Tout se fonde dans la doctrine nazie et la propagande marquée d’un puissant sentiment de coopération et de collaboration pour soutenir l’effort général. Ces découvertes ont permis de relativiser la pensée dominante du moment avec le fameux « mais je n’ai fait que suivre les ordres ».

Les limites et les implications

Les expériences de Milgram souhaitaient montrer l’importance de l’obéissance à l’autorité pour faire réaliser des actions immorales. Surtout des modalités qui s’opèrent dans nos comportements et notre cerveau.

Mais les enquêtes ont montré que c’était bien les participants qui avaient décelé la supercherie qui suivaient le plus volontiers les ordres d’électrocution.

La réalité de ces expériences est probablement plus nuancée. On pourrait observer un sens mélangé d’obligation et de coopération à réaliser les tâches demandées, quand bien même elles sont immorales.

C’est bien ce que semble montrer des travaux très intéressants d’une équipe allemande qui a contourné l’idée des électrochocs pour évaluer la soumission à l’autorité des participants.

Ils ont demandé à des participants de broyer des insectes vivants avec de petits broyeurs électriques. Sauf que ces appareils ont été modifiés pour épargner la vie des insectes, tout en faisant croire aux participants qu’ils ont vraiment broyés les animaux.

Les résultats montrent bien que les demandes de tuer les insectes aboutissent à davantage d’exécution de la part des participants que les autres ayant un choix libre.

Il y a un mélange entre une forme d’obéissance et de coopération. On remarque que les participants ne se déresponsabilisent pas de la demande immorale faite par l’expérimentateur qui pourtant précise porter toute la responsabilité des résultats de l’expérience.

Autrement dit : il ne faut pas jeter bébé avec l’eau du bain à propos des expériences de Milgram. L’obéissance à l’autorité est un sujet controversé dont les explications semblent encore délicates à formuler.

Ce sont surtout les affirmations de déresponsabilisation totale qui sont les plus controversées pour expliquer les comportements les plus déviants. C’était la base du raisonnement de Stanley Milgram.

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1 commentaire
  1. Bonjour Jérémie,
    Ça peut confirmer que quand c est la motivation intrinsèque ( agir pour apprendre, répondre à une cause, s investir dans l avancée scientifique,…)qui est touchée, il y a plus d acceptation.

    Si c est une motivation extrinsèque ( récompense ext, comparaison, compétition), l acceptation est moins forte.

    Bye
    Jérôme

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