L’explosion des gloutons
Prendre du temps pour manger est une notion qui se perd de plus en plus. S’installer autour d’une table, avec les couverts, les différents menus et plats, et les discussions qui vont avec se perdent, malheureusement.
Le travail, la famille et les loisirs occupent désormais une place importante dans notre emploi du temps et dans nos vies, que le simple fait de prendre le temps de manger devient difficile, même impossible dans certaines situations.
Les seules solutions viables pour jongler entre toutes nos activités se basent sur des sandwichs, des repas éclairs pris dans des fast-food ou non, dans la voiture, en marchant, bien souvent le plus rapidement possible.
L’industrie agroalimentaire se complait dans cette situation, car elle propose des solutions ultra pratiques pour les « pressés » de la vie : des plats industriels préparés. Aussitôt acheté, le produit est consommable sur place, sans attendre, ou bien juste le temps d’une minute pour un passage dans un four à micro-onde…
En bref, on mange de plus en plus vite, et de facto, de plus en plus mal.
Les conséquences sur la santé sont connues : hypertension, diabète, obésité, problèmes cardiovasculaires cérébraux, et tellement d’autres.
La science d’aujourd’hui nous envoie régulièrement des messages d’alertes sur ce sujet : Attention, on mange des aliments trop caloriques, trop rapidement et bien trop souvent !
Il faut RALENTIR.
Ralentir, ok, mais pourquoi ? Est-ce la solution ultime ?
Pourquoi ralentir la cadence et prendre son temps
Nous l’avons déjà dit, notre environnement nous pousse à consommer le plus rapidement possible. Faire la cuisine prend du temps pour la majorité, un temps que l’on n’a pas, ou plutôt, que l’on ne prend pas.
Et pourtant, la biologie et la physiologie du corps humain nous indique clairement que nous ne sommes pas des gloutons, devant dévorer en 5 minutes des montagnes de nourriture.
Non, on possède plutôt un bagage physique et physiologique qui nous permet de réguler pratiquement à la perfection notre prise alimentaire.
Qui dit réguler notre prise alimentaire, dit régulation du poids, donc du surpoids, de l’obésité, et de toutes les maladies qui y sont liées.
Manger trop vite, c’est donc prendre le risque d’ingérer un surplus de nourriture, un surplus de calories qui vous éloignera de votre silhouette de rêve, de votre objectif de perte de poids ou par exemple d’améliorer votre confiance en vous, si ce point vous dérange.
L’une des voies royales pour atteindre vos objectifs, tant sur la perte de poids que sur le bien-être physique et psychologique, se base sur le temps dédié à manger vos repas.
Une hormone, la leptine, nous permet entre autre de réguler cette fameuse prise alimentaire. C’est elle, avec d’autres signaux, qui envoie des messages pour nous dire : c’est fini, on arrête de manger ! [1] [2] [3]
La libération de cette hormone est complexe mais elle nécessite un certain temps avant d’agir. Manger lentement vous permettra de ressentir les effets « coupe-faim » de cette hormone bien avant d’avoir englouti deux fournées de croissants, de pâtes carbonara ou une baguette entière de pain.
Comment ralentir la cadence ?
Pour utiliser au mieux les avantages à notre disposition, il faut connaître certaines astuces pour réduire efficacement la durée des prises alimentaires.
- Si vous en avez la possibilité, la solution idéale reste de remettre les couverts et de vous installer à table. Pas au bureau ni devant votre ordinateur, mais plutôt avec des amis en intérieur ou en extérieur. Discuter permet également d’espacer les prises alimentaires, donc de rallonger la durée du repas et de possiblement moins se « goinfrer ».
- Si vous utilisez des fourchettes habituellement, pensez donc sérieusement à utiliser des baguettes qui permettent de significativement ralentir la prise alimentaire.
- Mâcher plus longuement est évidemment une stratégie de choix pour ralentir. Prenez le temps de correctement rendre en bouillie ce que vous mangez. Cela permettra de rallonger le temps du repas, de préparer la digestion et de moins manger, bien sûr.
- Une technique toute simple, révélée par des internautes, consiste à reposer la fourchette ou ses baguettes entre chaque bouchée. Au final, on peut multiplier par deux la durée de son repas.
- Bien sûr, il faut éviter les plats préparés ou les sandwichs qui se dévorent très rapidement. Une alternative pourrait consister à utiliser des couverts, des assiettes même pour des plats industriels (ou des pizzas par exemple) afin de manger moins vite.
- Une astuce à moitié révélée plus haut, mais s’entourer d’amis pendant les repas est un facteur important pour limiter les abus de calories. Le regard des autres, les conversations permettent de contrôler des comportements qui pourraient porter préjudice.
Prendre le temps de manger
Au final, dans cette société où l’on manque de temps, soit disant, nous devrions tous prendre le temps de manger. C’est un comportement vitale, car il faut manger pour vivre (et non l’inverse). Si modifier votre régime alimentaire est trop délicat, alors déjà réduire votre prise calorique sera une étape décisive vers une transition efficace.
Références
[1] X. Bigard, N. Simler, N. Koulmann, Nutrition, vigilance et sommeil : relations biologiques et comportementales, Médecine du Sommeil, Volume 4, Issue 13, September 2007, Pages 15-23, ISSN 1769-4493
[2] F. Bellisle, Faim et satiété, contrôle de la prise alimentaire, EMC – Endocrinologie, Volume 2, Issue 4, December 2005, Pages 179-197, ISSN 1762-5653
[3] Keim, N. L., Stern, J. S., & Havel, P. J. (1998). Relation between circulating leptin concentrations and appetite during a prolonged, moderate energy deficit in women. The American journal of clinical nutrition, 68(4), 794-801.
7 commentaires
Si vous avez besoin d’un bon exemple de ce qu’il ne faut pas faire, demandez-moi :) Autant je sais ce qu’est un bon repas, bien cuisiné et tout et tout (je cuisine tous les jours), autant je suis capable d’ingurgiter des quantités inhumaines de chocolat, de bonbons ou de chips devant un bon film (ou un mauvais d’ailleurs). Au point que manger vite et beaucoup est une obsession. Mais moins on mange, moins on a envie de manger comme un goret :)
Une autre solution consiste tout simplement à s’arrêter avant de ne plus avoir faim.
On apprend très vite à se connaitre, on sait de quelles quantités notre corps a besoin.
Et puis si on a quand même encore une petit faim, on peut encore manger une pomme (j’avais envie de dire un yoghourt mais Jérémy va me modérer :-))
Bonjour Jérémy,
prendre le temps de manger est devenu un luxe pour beaucoup dans nos sociétés industrialisées. Pourtant notre biologie fonctionne avec ses rythmes propres et les court-circuiter entraîne souvent des pathologies. Je parle aussi de prendre le temps de préparer de la nourriture saine dans ma participation à la Croisée des Blogs.
“Manger sain en prenant son temps” ; voilà un bon début pour être en bonne santé.
Ravie de voir que nous avons beaucoup de points communs dans notre vision de la santé.
Bonne semaine.
Nadia
Bonjour Jérémy,
merci pour cet article qui me rappelle l’importance de la lenteur au moment des repas. Juste un point, qu’une des expériences “scientifiques” montrées dans des émissions comme “frigo sous surveilance” (peut être que cette expérience était dans un épisode en anglais : Secret Eaters, tend à prouver qu’en groupe, on mange beaucoup sans faire attention, et donc beaucoup, beaucoup plus. Et cela semble vrai pour moi également. Je me suis d’ailleurs senti beaucoup plus libre la première fois que je ne me suis pas précipité sur un immense plateau de charcuterie et de fromages à un anniversaire.
Pour tout le reste, je suis bien d’accord et je vais essayer de poser la fourchette. Merci
Désolé mais moi je mange très vite quand je suis seule et très doucement quand je suis avec des amis. Et comme je suis seule chez moi c’est pire! Je pense que c’est nerveux…
Bonjour,
Pourquoi dans les pays pauvres, ce dysfonctionnement par rapport à “la bouffe” n’existe pas ?
Parce que se nourrir est encore un besoin vital comme boire, dormir, se réchauffer …
Mais nous, “peuplles civilisés”, nous avons détourné la nourriture de sa fonction première et l’avons réduite à une notion de plaisir. Aujourd’hui on ne se nourrit plus, mais on mange, on savoure, on déguste, on partage un repas, on se fait une bouffe, on fait la fête, on bâffre,…et on concourre à qui mangera le plus et cuisinera le mieux.
Reconnectons nous à l’essentiel, ré-apprenons à nous nourrir et nos problèmes avec la “bouffe” s’envoleront.