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Pour acheter une voiture, c’est une bonne idée de l’essayer avant. Mais pour des médicaments ou d’autres thérapies, essayer n’apportera aucune information utile ou objective pour la juger.

© mdjaff | Freepik

« Avez-vous essayé au moins ? »

Les enquêtes de Dur à Avaler déclenchent parfois des réactions épidermiques violentes. Surtout quand le sujet nous concerne. C’est toujours comme ça.

La dernière investigation sur les bienfaits des cures thermales n’y a pas échappé. Ils sont nombreux les internautes à être venus défendre les vertus thérapeutiques de ces trois semaines revigorantes.

J’ai eu le cas d’une dame très gentille qui témoigne des bienfaits de sa première cure pour faire disparaître une « algodystrophie tenace ».

Ce mot barbare signifie que vous avez une sacrée douleur à une articulation. Et c’est persistant. Sauf qu’avec le temps, entre 6 à 24 mois, la douleur s’estompe pour ne devenir qu’un lointain mauvais souvenir.

Sans rien faire.

Après avoir rappelé ces informations factuelles à cette dame – qu’il était donc difficile de savoir si c’est bien la cure thermale qui est à l’origine de la rémission ou l’évolution naturelle de cette maladie – elle m’a dit :

« Si vous le dites… avez-vous essayé au moins ? »

Et ce n’est pas la première fois qu’on me le dit. Dans l’esprit de beaucoup de personnes, les thérapies alternatives ou les médicaments c’est un peu comme un nouveau légume… il faut goûter avant de dire si on aime ou pas !

Sauf que dans le domaine de la santé, c’est au mieux inutile, au pire contre-productif (à lire ici pour les anglophones).

Essayer : un piège vicieux

Vous imaginez que votre médecin doive essayer toute la pharmacopée mondiale avant de prescrire un médicament ou une thérapie ? Est-ce que le paracétamol est vraiment efficace contre la douleur docteur ? Avez-vous essayé avant de le recommander ?

Ce traitement anti-cancéreux aussi ?

Est-ce que je dois essayer la cigarette pendant 5 ou 10 ans pour vérifier ses impacts sur la santé de mes poumons et de mes capacités respiratoires ?

Et si je décide de fumer pendant 5, 10, 15 ou 20 ans sans avoir le moindre problème de santé, cela signifiera quoi ? Rien. Du. Tout.

C’est tout le piège de ces phrases, un peu bidons.

Peu importe le résultat. Si c’est positif ou négatif, cela n’apportera aucun élément intéressant ni objectif au débat.

Pire, si on me propose d’essayer un soin avant de le critiquer et que je n’en retire aucun bienfait particulier, on va me sortir une farandole d’excuses pour expliquer ce résultat.

  • Le professionnel était un charlatan
  • Je n’ai pas assez bien fait
  • Je n’ai pas assez cru
  • J’aurais dû faire un bilan ou rajouter X, Y ou Z thérapie en plus
  • Ça fonctionne mieux la veille d’une pleine lune, etc, etc.

Car dans la médecine on ne parle pas de goûter un nouveau légume. Les saveurs, c’est personnel. Tous les goûts sont dans la nature. Certains aiment, d’autres pas. Mais pour les médicaments ou toute autre thérapie, on peut – et on doit – reposer sur l’expérience des autres.

Pas n’importe laquelle.

On sait que le paracétamol réduit les symptômes grippaux et apaise les douleurs. On le sait, car des études contrôlées ont vérifié ça avec des centaines et des centaines de patients.

On sait que le dernier médicament contre la maladie d’Alzheimer est inutile grâce à ces fameuses études.

Essayer, mais pas n’importe comment

En soi, essayer n’est pas une si mauvaise idée. J’ai envie de dire : pourquoi pas. Si vous avez les moyens et le temps, ce sera un bon début.

Mais il faut plus que ça. Il faut de la méthode. Comme beaucoup de monde, j’ai des petits bobos, des petites douleurs aux articulations. J’ai notamment le fameux doigt à ressaut depuis un bon moment.

Je vis très bien avec. Si je vais faire une cure thermale, et que je me sens mieux, je pourrais dire que ça fonctionne ? Et si c’était l’effet de l’eau chaude ? De la détente ? Des massages ? Des séances de kinésithérapie ?

Comment savoir ? Bien pour le savoir il faudrait faire un essai rigoureux. Sauf que c’est presque impossible à faire pour la plupart d’entre nous. Cela demande beaucoup de moyens humains et financiers.

En fait, c’est ce que font les laboratoires pour développer des médicaments. Il y a un cadre, un protocole avec des critères d’efficacité. Sans ça, c’est un peu la foire à la saucisse (et c’est le cas pour certains médicaments, notamment contre le cancer).

Illustration de mon expérience sur le riz : si je prends seulement deux pots sur les 24, l’expérience fonctionne ! Mais la réalité est différente.

J’avais eu la même rengaine pour l’histoire du riz et des émotions. On m’a dit d’essayer et que je verrais que le riz que l’on chouchoute d’amour ne pourrit pas, à l’inverse de l’autre que l’on insulte copieusement.

Sauf qu’en faisant l’expérience avec sérieux, beaucoup de pots, une évaluation en aveugle et des tests statistiques… on réalise que les moisissures se développent au hasard.

Ces précautions servent à éviter de produire un témoignage biaisé, subjectif qui ne sera que le reflet de vos attentes (si j’y crois dur comme fer, ça sera bénéfique!) positive ou négative.

C’est exactement ce qu’on doit faire pour tester sa réaction au gluten par exemple. Il faut faire des études de provocations rigoureuses où l’on va vous faire ingérer du pain avec ou sans gluten sans que vous ne le sachiez.

La même chose a été faite pour tester l’électrosensibilité.

J’en parlais aussi pour le cas des sourciers capables de sentir les énergies de l’eau qui se déplace et creuser les forages au bon endroit. Mais ces mêmes sourciers « perdent » étrangement ce talent quand on évalue froidement et avec sérieux ces capacités surnaturelles.

Essayer, juste comme ça sur un coup de tête n’apportera aucune connaissance utile pour les autres.

Surtout que dans des cas plus sérieux, comme le cancer, les personnes qui essayent, mais qui malheureusement décèdent ne seront plus là pour témoigner. C’est le biais du survivant. Seuls ceux qui survivent et réussissent témoignent. Laissant ainsi un biais positif flagrant tordre la réalité.

À retenir

L’idée d’essayer avant de critiquer, c’est plutôt une bonne idée pour de la nourriture ou une voiture… rarement quand il s’agit de notre santé.

Justement, des centaines et des centaines de patients ont joué aux « cobayes » pour essayer des thérapies diverses dans les conditions les plus sérieuses possibles afin de nous éviter de le faire.

Si on peut s’amuser à faire certaines expériences soi-même (comme pour le riz et les intentions), c’est dans la majorité des cas impossible à faire sérieusement. L’intérêt pour vous est nul.

Les études dont je fais souvent référence ici sont en fait la parfaite expression de ces « tests » grandeur nature qui nous permettent d’avoir un avis, sans mouiller la chemise.

Tout cela fait partie d’un grand ensemble pour bien comparer. J’en parlais récemment avec l’importance du groupe contrôle et de la mise en “aveugle” des participants aux études.

On reste en contact ?

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