Une nouvelle tendance affirme que se bronzer les parties intimes permettrait de retrouver une virilité et libido perdue. Qu’en est-il ?
La mode, c’est toujours surprenant. Surtout quand elle touche à notre santé et notre relation avec notre environnement où l’on peut admirer l’imagination débordante de l’homme.
Une imagination débordante qui nous amène à parler d’un sujet aussi léger que coquin… avec le bronzage des testicules.
Un procédé récemment mis en avant dans un talk-show américain où l’on peut voir des hommes retrouver une virilité perdu en exposant leurs parties intimes au soleil ou de la lumière artificielle.
L’objectif est le même dans tous les cas : exposer une zone sensible, unique, qui symbolise toute la virilité de l’homme, que l’on cache depuis bien trop longtemps.
Les bienfaits sont nombreux !
- Augmentation de la testostérone
- Plus de virilité
- Un gain de fertilité
- Une sensation de bien-être incroyable à en croire les adeptes !
Alors faut-il se mettre à nu devant le soleil pour exposer l’interdit ?
Assurez-vous de lire cet article avant de le faire, afin d’avoir tous les éléments à votre disposition et éviter ainsi de suivre une mode… probablement inutile.
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Bronzage et testostérone
C’est l’argument phare de la promotion du bronzage des organes génitaux. La concentration de testostérone dans notre sang ne fait que chuter depuis plusieurs décennies.
Cette chute catastrophique entraînerait une série de problèmes. Mais heureusement, la lumière du soleil dirigé sur les bijoux de famille augmente dramatiquement cette testostérone !
Vous verrez bien souvent ce graphique pour prouver le rôle central du soleil et des testicules dans la production de testostérone.
Une courbe qui montre une augmentation de 120 % de la production de testostérone en dirigeant une petite lampe sur le torse, qui grimpe à 200 % une fois dirigé vers les organes génitaux ! (1)
Imparable ? Pas vraiment.
On oubliera bien volontiers de vous dire que cette étude a été faite en 1939 avec une méthode discutable pour mesurer la quantité de testostérone, chez des personnes atteintes de problème psychiatrique.
12 ans plus tard, une équipe a essayé de reproduire ces résultats avec une méthode plus fiable et des participants en bonne santé… sans succès (2).
Des scientifiques américains ont récemment pu se frotter à la théorie des rayons solaires pour booster la testostérone des hommes.
L’étude a été publiée en 2020, sans viser particulièrement les organes génitaux (l’intérieur des jambes notamment), et ne montre pas d’effet de cette exposition sur la concentration en testostérone dans le sang (3).
En conclusion, la théorie principale du coup de fouet de l’hormone sexuelle masculine avec les rayons solaires est très faible.
Elle ne tient en réalité qu’à une seule étude de plus de 80 ans contredite pour d’autres.
Comprendre une étude scientifique
Si vous voyez souvent passer des articles de la presse disant “une étude dit que…” sans vraiment savoir ce que sont ces études. Voici un article pour découvrir les entrailles, pas si mystérieuses que ça, des fameuses études scientifiques.
Mix-max sur la fertilité
La procédure de bronzage localisée sur les parties génitales améliorerait la fertilité, d’après les adeptes et les promoteurs de cette méthode.
Comment ? On part du très simple postulat que notre fertilité ne cesse de chuter depuis des décennies, tout comme la concentration en testostérone, d’où un lien évident.
Rien n’est pourtant plus faux. Si la testostérone a bien un rôle majeur dans le développement et la différenciation des organes reproducteurs masculins, on ne retrouve que chez 20 à 30 % des hommes infertiles un problème avec une faible concentration de testostérone (4).
Autrement dit : le problème est dans la majorité des cas ailleurs (problème génétique, anatomique ou biologique avec l’environnement…)
Pire encore, mais on ignore les causes de l’infertilité masculine dans 40 % des cas ! (5)
Certains influenceurs n’hésitent pas à partager minutieusement choisi pour donner des allures scientifiques à la pratique.
Une étude japonaise montre ainsi qu’une exposition à la lumière rouge avec un laser a permis de régler des cas sévères d’infertilité (6) !
N’est-ce pas fantastique présenté ainsi ? Sauf que cette étude a été menée chez des femmes et n’a donc strictement rien à voir les testicules et la testostérone.
On vous parlera aussi bien volontiers d’une étude faite sur des rats qui montre l’effet incroyable d’une irradiation continue de lumière pendant 70 jours sur la production de sperme (7).
Une étude catastrophique publiée dans un journal népalais d’auteurs népalais avec des fautes de frappe en pagaille, des erreurs dans les chiffres présentés et une méthode extrême.
De la souris à l’homme, il y a un énorme pas, alors s’exposer à la lumière pendant 70 jours pour avoir une augmentation de 10 % de testostérone… Nous n’avons aucune garantie de la reproductibilité des résultats chez l’homme, mais des doutes assez solides sur l’inutilité de la procédure et les dangers d’une exposition aussi longue.
Pensée magique et incertitude scientifique
Aux incertitudes scientifiques se mêle la pensée magique.
L’idée selon laquelle le soleil, ses rayons, son énergie sont forcément bénéfiques pour nous alors que c’est bien la dose qui fait le poison.
Cette pensée magique alimente des raisonnements simplistes qui ne retrouvent aucune base scientifique solide.
Exposer les parties génitales au soleil ou à des rayons UV peut séduire par la simplicité de la procédure et les promesses données sur la santé.
Mais vous savez ce qu’on dit promesses ? Elles n’engagent que ceux qui y croient.
Il n’empêche que la thérapie lumineuse pourrait avoir un intérêt pour soigner les troubles dépressifs ou bipolaires (8, 9). Nous ne savons pas vraiment encore les mécanismes en jeu et si la méthode est réellement efficace, mais cela pourrait expliquer le mieux-être ressenti par les participants.
Pour conclure, il n’y a rien de scientifique en exposant ses testicules à la lumière rouge ou au soleil pour révigorer sa sexualité ou booster sa virilité.
Les dangers sont théoriquement inexistant avec l’utilisation de lampe rouge, mais peuvent être bien réel avec une exposition au soleil trop fréquente.
