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Les végétaliens s’exposent-ils plus au risque de carence en vitamine A ?
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En voilà une vitamine que l’on entend peu parler, et pourtant. La vitamine A est essentielle pour le fonctionnement normal de notre corps. Problème, les meilleures sources de vitamine A sont dans le règne animal, les végétaliens, eux, ne reposent que sur les sources végétales, principalement les carotènes, moins bien transformés en vitamine A. Les végétaliens sont-ils plus à risque de carence ? La réponse n’est pas simple, mais invite les végétaliens à faire attention, et peut-être à se supplémenter.
La controverse sur la vitamine A…
Le régime qui évince tous les produits issus de l’exploitation animale (viandes, poissons, produits de la mer, miel, etc.) devient de plus en plus populaire. L’urgence climatique renforce une idée de transition alimentaire, où la consommation de viande est un accusé de choix.
Le végétalisme peut compter sur ses défenseurs intellectuels qui argumentent sur les réseaux sociaux. Ils plaident que ce régime est adapté à tous les moments de la vie, de la grossesse, aux nourrissons, en passant par les adolescents et les adultes, si toutefois, ce dernier est bien mené.
Même si ces affirmations se basent des avis scientifiques discutables, et discutés (mais peu dans les faits), le principal risque de carence communément admis par la communauté végétalienne est la vitamine B12.
Tous les végétaliens doivent se supplémenter en vitamine B12. Aujourd’hui, ce message passe mieux dans les différents groupes, même si l’on observe toujours des carences plus ou moins fortes chez les personnes végétaliennes.
Il y a donc bien une différence entre dire et faire, car tout le monde n’a pas accès à des informations complètes et loyales sur le végétalisme. Tout le monde ne sait pas tout. Tout le monde ne s’y prend pas forcément bien. Comme chez les omnivores, les risques de carences en micronutriments sont bien réels.
Carence en vitamine A ?
L’orange est une source de vitamine A intéressante pour l’organisme.
Parmi ces micronutriments à risque de carence, il y a la fameuse vitamine A ou le rétinol, dont on entend beaucoup parler ces derniers temps.
Pourquoi ? Car une célèbre blogueuse et auteure anglo-saxonne, Denise Minger, a publié un article qui fait sensation dans le monde omnivore et végétalien où cette dernière pointe quatre risques de carences chez les végétaliens, principalement à cause de mutations génétiques.
Cet article fait le chou gras des pages qui défendent la consommation, raisonnable ou pas, de produits animaux, et arguent que les végétaliens doivent faire encore plus attention que les autres. Les carences ne se limiteraient donc pas à la seule vitamine B12.
Denise Minger insiste sur les risques de carences en vitamine A, mais également en choline et en vitamine K2 et sur le risque d’avoir des problèmes métaboliques (obésité, syndrome métabolique) à cause d’une déficience dans le traitement de l’amidon.
L’article original de Denis Minger a été publié en octobre 2016 sur le site HealthLine, puis repris par des sites qui défendent l’omnivorisme, comme le Mythe Végétarien, qui se base notamment sur l’ouvrage du même nom de Lierre Keith.
Sur sa page Facebook, l’administratrice du Mythe Végétarien a récemment défié n’importe qui de venir scientifiquement « débunker », démystifier, ou invalider l’article original de Denise Minger et de prouver que les points défendus sont fallacieux ou faux.
En guise de récompense, un panier végane offert à celui ou celle qui convaincra le mieux. Le débat a entraîné la publication de plus de 700 commentaires, des débats envenimés, et parfois riches, notamment avec plusieurs personnes qui se sont illustrées dans la qualité du débat scientifique.
Malheureusement, au terme d’échanges scientifiques et techniques, les positions de chacun n’ont pas bougé d’un iota. Pour les partisans de l’article de Denise Minger, les preuves apportées ne sont pas suffisantes pour démystifier ses arguments. Pour les autres, le travail aurait été fait, mais la mauvaise foi des partisans et de l’administratrice lui empêcherait de le reconnaître.
En réalité, la majorité du débat portait sur un point précis :la conversion du bêta-carotène en vitamine A, et sur la fréquence réelle des mutations génétiques qui peuvent toucher la population, et donc rendre cette conversion délicate.
Qui dit conversion délicate et régime végétalien dit carence. C’est le postulat de Denise Minger, qui estime que 45% de la population en serait touché, et de certaines autres personnes, qui invitent donc à la prudence.
Qui a raison, qui a tord ? Dans les faits, l’analyse scientifique des apports en micronutriments et de leurs concentrations a tendance à montrer que les végétaliens s’exposent d’avantages à des carences en vitamine A.
Denis Minger. (C) DeniseMinger.com
Qui est Denise Minger ?Blogueuse à succès, elle s’est fait connaître du public anglo-saxon par son analyse critique du livre de Colin Campbell, The China Study. Des critiques qui ont amené l’auteur du livre à lui répondre directement. Denis Minger est l’auteur d’un ouvrage phare sur la santé et la nutrition : Death by pyramis food.
Dans son histoire, Denise Minger était végane jusqu’à qu’elle remarque que sa santé s’était dégradé. Depuis, elle alerte sur son site éponyme, et d’autres plateformes, des risques pour la santé avec une lecteur impertinente et critique de la littérature scientifique.
Les secrets de la vitamine A
Les oeufs sont une bonne source de rétinol directement assimilable par l’organisme.
Tous les mammifères dépendent de la vitamine A pour survivre. La vitamine A est essentielle pour assurer la différenciation de nos cellules, autrement dit notre développement, mais intervient aussi dans le fonctionnement de notre système immunitaire et dans la vision (ce sera notamment un critère diagnostique pour une carence en vitamine A)12.
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1. D’Ambrosio, D. N., Clugston, R. D., & Blaner, W. S. (2011). Vitamin A metabolism: an update. Nutrients, 3(1), 63-103.
2. Green, A. S., & Fascetti, A. J. (2016). Meeting the vitamin A requirement: the efficacy and importance of β-carotene in animal species. The Scientific World Journal, 2016.
3. Burri, B. J. (2015). Beta‐cryptoxanthin as a source of vitamin A. Journal of the Science of Food and Agriculture, 95(9), 1786-1794.
4. Lietz, G., Oxley, A., Leung, W., & Hesketh, J. (2011). Single nucleotide polymorphisms upstream from the β-carotene 15, 15′-monoxygenase gene influence provitamin A conversion efficiency in female volunteers. The Journal of nutrition, 142(1), 161S-165S.
5. Leung, W. C., Hessel, S., Meplan, C., Flint, J., Oberhauser, V., Tourniaire, F., … & Lietz, G. (2009). Two common single nucleotide polymorphisms in the gene encoding β-carotene 15, 15′-monoxygenase alter β-carotene metabolism in female volunteers. The FASEB Journal, 23(4), 1041-1053.
6. Wang, Z., Yin, S., Zhao, X., Russell, R. M., & Tang, G. (2004). β-Carotene–vitamin A equivalence in Chinese adults assessed by an isotope dilution technique. British Journal of Nutrition, 91(1), 121-131.
7. Hickenbottom, S. J., Follett, J. R., Lin, Y., Dueker, S. R., Burri, B. J., Neidlinger, T. R., & Clifford, A. J. (2002). Variability in conversion of β-carotene to vitamin A in men as measured by using a double-tracer study design. The American journal of clinical nutrition, 75(5), 900-907.
8. Lin, Y., Dueker, S. R., Burri, B. J., Neidlinger, T. R., & Clifford, A. J. (2000). Variability of the conversion of β-carotene to vitamin A in women measured by using a double-tracer study design. The American journal of clinical nutrition, 71(6), 1545-1554.
9. Borel, P., Desmarchelier, C., Nowicki, M., & Bott, R. (2015). A combination of single-nucleotide polymorphisms is associated with interindividual variability in dietary β-carotene bioavailability in healthy men. The Journal of nutrition, 145(8), 1740-1747.
10. Kristensen, N. B., Madsen, M. L., Hansen, T. H., Allin, K. H., Hoppe, C., Fagt, S., … & Pedersen, O. (2015). Intake of macro-and micronutrients in Danish vegans. Nutrition journal, 14(1), 115.
11. Elorinne, A. L., Alfthan, G., Erlund, I., Kivimäki, H., Paju, A., Salminen, I., … & Laakso, J. (2016). Food and nutrient intake and nutritional status of Finnish vegans and non-vegetarians. PloS one, 11(2), e0148235.
12. Schüpbach, R., Wegmüller, R., Berguerand, C., Bui, M., & Herter-Aeberli, I. (2017). Micronutrient status and intake in omnivores, vegetarians and vegans in Switzerland. European journal of nutrition, 56(1), 283-293.
13. Allès, B., Baudry, J., Méjean, C., Touvier, M., Péneau, S., Hercberg, S., & Kesse-Guyot, E. (2017). Comparison of sociodemographic and nutritional characteristics between self-reported vegetarians, vegans, and meat-eaters from the Nutrinet-Sante study. Nutrients, 9(9), 1023.
14. Sobiecki, J. G., Appleby, P. N., Bradbury, K. E., & Key, T. J. (2016). High compliance with dietary recommendations in a cohort of meat eaters, fish eaters, vegetarians, and vegans: results from the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition–Oxford study. Nutrition research, 36(5), 464-477.
15. Janelle, K. C., & Barr, S. I. (1995). Nutrient intakes and eating behavior see of vegetarian and nonvegetarian women. Journal of the American Dietetic Association, 95(2), 180-189.
16. Haddad, E. H., Berk, L. S., Kettering, J. D., Hubbard, R. W., & Peters, W. R. (1999). Dietary intake and biochemical, hematologic, and immune status of vegans compared with nonvegetarians. The American journal of clinical nutrition, 70(3), 586s-593s.
17. Pal, R., & Sagar, V. (2007). Correlates of vitamin A deficiency among Indian rural preschool-age children.
18. Foster, M., & Samman, S. (2015). Vegetarian diets across the lifecycle: Impact on zinc intake and status. In Advances in food and nutrition research (Vol. 74, pp. 93-131). Academic Press.
19. Melina, V., Craig, W., & Levin, S. (2016). Position of the Academy of Nutrition and Dietetics: vegetarian diets. Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics, 116(12), 1970-1980.
20. Novotny, J. A., Harrison, D. J., Pawlosky, R., Flanagan, V. P., Harrison, E. H., & Kurilich, A. C. (2010). β-Carotene conversion to vitamin A decreases as the dietary dose increases in humans. The Journal of nutrition, 140(5), 915-918.
21. Voir Christensen et al. 2015.
22. Richter, M., Boeing, H., Grünewald-Funk, D., Heseker, H., Kroke, A., Leschik-Bonnet, E., … & Watzl, B. (2016). for the German Nutrition Society (DGE)(2016) Vegan diet. Position of the German Nutrition Society (DGE). Ernahrungs umschau, 63(04), 92-102.
Docteur en biologie et conférencier spécialisé en santé depuis 2012, Jérémy Anso est le fondateur du site d'information Dur à Avaler.
Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la santé et n'a pas le moindre conflit d'intérêt.
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6 commentaires
Très bonne synthèse, une fois de plus! Merci Jérémy
Oui, un intérêt incontournable des produits animaux réside dans l’apport des vitamines liposolubles A, D, E, et K.
Merci Jérémy !
Très instructif comme toujours surtout que je suis enceinte en ce moment.
D’ailleurs, je suis un peu perdue sur ce que je dois manger ou prendre pour éviter les carences.
Un article dédié serait une super initiative !! (-:
Merci pour ton travail.
Très bon article, essayant de faire la part des choses tout en relevant le niveau de ce qu’on peut trouver dans d’autres blogs. J’avoue que pendant très longtemps j’ai ignoré qu’il pouvait exister un problème de conversion des précurseurs de la vitamine A en vitamine A et que manger des carottes était largement suffisant (je ne mangeais pas de beurre ou de foie et assez peu d’oeufs). Pas de souci maintenant pour moi puisque j’ai pour ainsi dire « un peu » changé mon fusil d’épaule en étant passé de végétarien à pratiquement carnivore. Consommant aussi des abats et beaucoup d’oeufs (avec leur jaune évidemment) il y a fort à parier que je ne risque pas non plus de manquer de zinc ou de vitamine B12.
Petite remarque quand même sur l’article, quand vous écrivez « Denise Minger a tort en avançant un chiffre de 45% Le chiffre est en réalité de 47% pour la population mondiale » n’avez-vous pas l’impression de chipoter? Il me semble que la différence de 2% pourrait très bien être mise sur le compte d’un arrondi au multiple de 5 le plus proche ;)
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6 commentaires
Très bonne synthèse, une fois de plus! Merci Jérémy
Oui, un intérêt incontournable des produits animaux réside dans l’apport des vitamines liposolubles A, D, E, et K.
Hélène Altherr , pharmacienne nutritionniste
Bonjour Jérémy,
Passionnant comme toujours !
Bonjour Jérémy,
Super synthèse et travail de biblio !
Oui on n’image pas l’importance de cette vitamine un peu oubliée. Je m’y étais un peu penchée aussi.
Pour en avoir le cœur net, pourquoi pas un dosage de cette vitamine plutôt que des suppositions ?
Je partage qq articles que j’avais trouvés, si ça peut intéresser avec notamment l’importance de cette vitamine au niveau déclin cognitif et de la thyroïde (pour peu qu’il y ait carence en iode aussi…) !
https://www.rtflash.fr/vitamine-pourrait-retarder-declin-cognitif/article
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/une-carence-en-vitamine-a-avant-la-naissance-liee-a-la-maladie-d-alzheimer_110238
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18214025
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6785400
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7196691
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23378454
Merci Jérémy !
Très instructif comme toujours surtout que je suis enceinte en ce moment.
D’ailleurs, je suis un peu perdue sur ce que je dois manger ou prendre pour éviter les carences.
Un article dédié serait une super initiative !! (-:
Merci pour ton travail.
Salut Morgane et merci du commentaire. C’est une excellente idée que je garde bien au chaud !
Très bon article, essayant de faire la part des choses tout en relevant le niveau de ce qu’on peut trouver dans d’autres blogs. J’avoue que pendant très longtemps j’ai ignoré qu’il pouvait exister un problème de conversion des précurseurs de la vitamine A en vitamine A et que manger des carottes était largement suffisant (je ne mangeais pas de beurre ou de foie et assez peu d’oeufs). Pas de souci maintenant pour moi puisque j’ai pour ainsi dire « un peu » changé mon fusil d’épaule en étant passé de végétarien à pratiquement carnivore. Consommant aussi des abats et beaucoup d’oeufs (avec leur jaune évidemment) il y a fort à parier que je ne risque pas non plus de manquer de zinc ou de vitamine B12.
Petite remarque quand même sur l’article, quand vous écrivez « Denise Minger a tort en avançant un chiffre de 45% Le chiffre est en réalité de 47% pour la population mondiale » n’avez-vous pas l’impression de chipoter? Il me semble que la différence de 2% pourrait très bien être mise sur le compte d’un arrondi au multiple de 5 le plus proche ;)